Toutes les critiques de Dans La Peau De Jacques Chirac

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    En évitant les procédés poussifs de ses sketches, Karl Zero parvient enfin à être drôle. Malheureusement, si Dans la peau de Jacques Chirac décrit avec humour la résistible ascension du Président, son propos ne dépasse pas la synthèse de clichés. N'est pas Michael Moore qui veut.
    - Dans les forums : mettez-vous dans la peau de Chirac (ou pas)
    - lire aussi la biographie de Jacques ChiracUn faux documentaire réalisé par Karl Zero, dans lequel le président retracerait son parcours en voix off grâce à l'imitateur Didier Gustin, d'après un script co-écrit avec Eric Zemmour ; sur le papier un tel projet concourt direct pour la palme d'or du mauvais goût. L'économie de moyens n'étant pas le fort de l'animateur du Vrai Journal, on craignait une débauche de trucages grossiers et de jeux de mots usés jusqu'à la corde.
    Dans la peau de Jacques Chirac évite totalement le premier écueil en s'en tenant à une sélection d'archives livrées telles quelles et manque de glisser dans le deuxième sans jamais s'y vautrer. Essentiellement parce qu'il n'est nul besoin d'enchaîner les calembours de fin de repas pour réussir un "docu-marrant" (sic) sur la résistible ascension du président de la République.Démagogie et maladresseExemple parmi bien d'autres, la visite express à la campagne pendant laquelle Jacques Chirac cultive son mythe d'homme politique proche des vrais gens de la vraie vie est tordant : droit dans ses bottes pleines de boue, il serre toutes les mains qui se présentent en répétant « c'est loin mais c'est beau », manifestement très satisfait de sa fulgurance. Dans la peau... décrit dans la foulée avec brio l'incroyable tour de passe passe qui a permis au locataire de l'Elysée de troquer, en quelques années, son smoking de jeune loup coincé contre la veste de chasse ample du français moyen tel qu'il l'imagine : nostalgique et rural, réac et bon vivant.Les exemples surlignant la démagogie maladroite du bonhomme ne manquent pas et le film présente surtout Chirac comme un acteur burlesque, multipliant les embardées fiévreuses, les lapsus bulldozers et les gags involontaires.
    Et comme dans les caricatures guignolesques d'avant 95, le portraitisé finit immanquablement par devenir sympathique : on applaudit le cynisme hilarant d'un type marié à une insupportable bigote, entouré de squales parricides et longtemps looser parfait comme la France les aime tant.
    Bien sûr, Dans la peau de Jacques Chirac n'est pas un éloge et se repaît des contradictions du bonhomme.
    Son plaidoyer pro-européen de 2005 comparé à sa diatribe sur les dangers provoqués par l'entrée de l'Espagne dans la CEE en 1976 montre assez la versatilité politique d'un opportuniste dénué de conviction.Une proximité faux-dercheSauf que Chirac n'est ni un personnage de Weber ni une version franchouillarde de Peter Sellars mais le président de la République ce qui pose tout de même d'autres problèmes. On finit donc par se lasser de la proximité faux-derche que tente d'entretenir la voix off - un procédé qui se révèle moins inutile que néfaste à la longue. Sur le ton de l'aveu décomplexé, Chirac/Gustin ne dévoile rien d'autre que la vision caricaturale et finalement commode que le pays entier semble avoir de son Président
    On se lasse également du parallèle systématique - sur le mode il a dit ceci puis son contraire - d'archives visuelles séparées par dix ans de vie politique durant lesquels bien d'autres vieux briscards auront changé d'avis sur à peu près tout.
    A l'occasion, Dans la peau... brocarde d'ailleurs avec a-propos le même type de travers chez Sarkozy, Jospin ou Balladur.Partant, le film de Zéro et Royer aurait pu dépasser le cadre étroit de son projet pour dessiner en creux le portrait d'une nouvelle manière de pratiquer la politique avec l'arrivée de la télévision.
    Las! Dans la peau de Jacques Chirac échoue autant à élaborer une parabole ambitieuse qu'il réussit à brosser un portrait osé - c'est à dire de justesse.
    Bien sûr, en choisissant la méthode de l'archive télévisuelle, Zero et Royer sont prisonniers des images disponibles. Sans doute la raison pour laquelle, à l'inverse des films politiques de Michael Moore, ils ne peuvent renvoyer à autre chose qu'aux clichés qu'il creusent.
    Karl Zero pourrait faire un bon Michael Moore français : évitant une certaine psychorigidité française du documentaire - celle de Pierre Carles par exemple. Malheureusement il sacrifie dans le même temps l'efficacité dont celle-ci fait preuve dans la démonstration - Pierre Carles toujours.
    Car Dans la peau de jacques chirac tourne en rond, n'apprend pas grand-chose, se contente d'effleurer son sujet, de préférer une bonne blague à une bonne idée, et remporte l'adhésion du public par des procédés un peu putassiers. Un vrai film chiraquien en somme...Dans la peau de Jacques Chirac
    de Karl Zero et Michel Royer
    France 2006.
    Sur Flu :
    - L'Entretien avec Yves Michaud, auteur de Chirac dans le texte
    - Retour sur Chirac en chansons
    - Lire aussi Karl zero fait son show sur le blog Aeiou- Dans les forums : mettez-vous dans la peau de Chirac (ou pas)Personnalités politiques :
    - Lisez les biographies des acteurs connus et des personnages cachés de la présidentielle 2007 : Valéry Giscard d'Estaing
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