Fidaï

Cinquante ans après la guerre d’indépendance algérienne, El Hadi évoque son passé de combattant armé au sein du FLN. Afin de l’aider, Damien Ounouri l’invite à rejouer les tentatives d’assassinat auxquelles il a participé. El Hadi partage certains souvenirs forts, mais le dispositif est limité et les questions qui lui sont posées enrichissent peu le propos. Pourtant, il est affecté par ces réminiscences, la douleur et l’épuisement l’étreignent à nouveau. C’est ainsi qu’Ounouri parvient finalement à donner une épaisseur peu commune à son devoir de mémoire.

Sous la caméra de son neveu, qui le filme aujourd'hui en bon grand-père aimant et n'hésite pas à pénétrer dans le cadre comme un geste de transmission générationnelle, il raconte son engagement d'alors, ses doutes, la violence... Puissant.

Un documentaire subtil. Damien Ounouri mène son film avec patience, douceur, humilité, à la fois en journaliste, en petit-neveu et en cinéaste. En ces temps de crispations identitaires et d’aboiements médiatiques, "Fidaï" est un film aussi beau que nécessaire, qui nous réapprend le questionnement, l’écoute et le silence face à la complexité du monde, démontrant que le cinéma a toujours une force et une utilité face au gueuloir télévisuel.

Un travail intime et singulier dans le vif de la mémoire, autour d'une période encore brûlante.