Première
par Isabelle Danel
Pour sa première fiction après Elle s’appelle Sabine (2008), touchant documentaire sur sa soeur atteinte d’autisme, Sandrine Bonnaire ne choisit pas la facilité. Son scénario,
écrit avec Jérôme Tonnerre, est traversé par la mort, hanté par le deuil impossible. Alors que Jacques revient en France pour les funérailles de son père et la vente de la maison familiale, c’est son passé qui refuse d’être enterré, à savoir l’enfant qu’il a eu jadis avec Mado, décédé dans un accident. Interprété par un William Hurt fragile et chancelant, cet homme rompu erre comme un fantôme, un vampire au teint pâle qui se repaît de l’odeur d’un petit garçon bien vivant (Jalil Mehenni, épatant). D’ailleurs, Jacques se choisit un « tombeau » : la cave de l’immeuble, où Paul, qui partage son secret, lui rend visite. Si la deuxième partie, plus répétitive, se heurte aux limites du huis clos, ce regard porté sur le chagrin et ce que l’on en fait reste de bout en bout sensible et juste.