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C’est le genre de film qui a fait un bien fou au cœur d’un festival comme Cannes où le rire est une denrée rare. Une comédie inspirée à Louis Garrel par sa mère Brigitte Sy qui, au fil des cours de théâtre qu’elle donnait en prison, est tombée sous le charme d’un détenu qui est devenu son compagnon. Brigitte Sy avait raconté cette histoire en 2010 dans Les Mains libres. Garrel s’en sert comme base à un récit loufoque en diable où le fiston (Garrel lui- même) de cette maman rebelle (Anouk Grinberg, dont 2022 marque le grand retour après La Nuit du 12) craint pour sa sécurité et commence à espionner en douce avec sa meilleure amie (Noémie Merlant) – et forcément maladroitement – ce petit voyou jurant avoir raccroché (Roschdy Zem). Sans se douter que cette rencontre avec son nouveau beau- père va profondément changer sa vie. L’Innocent est un film irrésistible d’espièglerie, d’intelligence et de classe où, alors que rien n’est vraisemblable, on a envie de croire à tout. Grâce à un scénario virtuose (le premier que Garrel co- signe sans le regretté Jean- Claude Carrière mais avec l’écrivain Tanguy Viel) mêlant comédie, romantisme, et film de casse, une mise en scène enlevée (jouant joyeusement avec les split screens…) un casting épatant qui prend un pied fou à incarner ses personnages et une BO aux petits oignons célébrant la variété comme art majeur (d’Une autre histoire de Gérard Blanc au I Maschi de Gianna Nannini). On se croirait dans un Lelouch des 70’s façon La Bonne année. C’est vraiment bon de rire parfois !