Dans cette nouvelle version du roman de Beatrix Beck, Nicolas Boukhrief reformule la question de l'ennemi intérieur.
Au fond, que reste-t-il de Léon Morin, prêtre , précédente adaptation du roman de Beatrix Beck ? A part Belmondo, curé allumeur et sexy, qui excite ses paroissiennes et décide de s’attaquer à la très réticente et froide Emmanuelle Riva ? A part l’iconoclasme goguenard de Jean-Pierre Melville ? Pas grand-chose. Boukhrief, lui, choisit de s’attacher moins au prêtre qu’à Barny, femme forte et libre qui vacille et chez qui tout se mélange : désir et religion, trouille et audace… Il s’appuie sur la renversante beauté classique de Marine Vacth pour signer un beau portrait de femme corsetée. Mais La Confession est aussi un formidable terrain de jeu artistique. Mouvements impérieux (les légers travelling qui montrent le désir interdit de Barny lors de la dernière confrontation), effets de montage ironiques, savant jeu de placement de la caméra (la scène du confessionnal entre Barny et Morin lors de leur première rencontre)… Nicolas Boukhrief fait vivre par des choix purement cinématographiques les enjeux du récit (historiques, humains ou philosophiques) et son vrai sujet : comme dans Made in France, comme dans le beau Cortex aussi, La Confession est un film qui rappelle que l’ennemi est toujours intérieur. Ce sont les collabos français qui rongent le village, mais c’est aussi l’amour charnel qui va noyer le désir de conversion. En confrontant l'éthique de son personnage aux soubresauts des passions et à l'étiquette rigide de l’époque, le cinéaste montre son héroïne tracer sa route (droite) et se heurter à un univers chaotique. On pense à ce moment-là définitivement plus à Zulawski qu’à Melville.