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Après Jean-Pierre Darroussin, cadre broyé par l’entreprise qui commettait l’irréparable dans De Bon Matin de Jean-Marc Moutout, c’est au tour de Daniel Auteuil (qu’on n’avait pas vu aussi impliqué depuis longtemps) d’incarner le martyr de la crise économique en plein pétage de plombs. Comme à son habitude, Jacques Maillot (Les liens du sang) filme sans trémolos ce patron de chantier naval incapable de se résoudre à regarder son bateau sombrer. Alors pourquoi ajouter au drame social la tragédie intime d’un héros veuf dont le fantôme de la femme hante le film à travers des flash backs maladroits ? Dommage, aussi, que le scénario (ou le montage ?) abandonne en cours de route des personnages prometteurs avec des sous-intrigues significatives (l’histoire d’amour devenue impossible entre un employé viré et une collègue épargnée par le plan de restructuration). Heureusement, pas de quoi couler le navire.
Toutes les critiques de La Mer à boire
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sobre et glaçant, le film, à hauteur d'homme, donne à voir une horreur économique ordinaire (...). Une prestation intense, à la hauteur de l'un des meilleurs films français de ces derniers mois.
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La Mer à Boire fit parti de ces films qui vous empoignent dès le début et ne vous lâchent plus. Touchant le fond ou reprenant espoir au même rythme que ce personnage passionné, le spectateur partage toutes ses émotions. Dommage que la fin soit totalement ratée, ce qui ne remet toutefois pas en cause la force du film.
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Un point de vue original est une première partie de film très réussie (...) Il y avait sûrement de quoi faire un très bon film de plus de deux heures. L'ensemble se termine un peu en cavalcade.
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D'ordinaire, le patron a le mauvais rôle, au cinéma comme ailleurs. Avec La Mer à boire, Jacques Maillot tente de renverser la vapeur pour suivre un capitaine de PME face à la crise. Pas de quoi changer la donne, mais donner le ton de l'époque.
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En dehors d'une parenthèse amoureuse russe qui constitue pour le spectateur le point culminant de l'embarras, le film se construit selon une mécanique lassante de temps morts verbeux et de colères.
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Quelque chose de Sautet dans ce drame social à la mise en scène trop lourde mais au héros attachant, auquel Daniel Auteuil donne une réelle épaisseur humaine.
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(...) entre personnages archétypaux, une virée inutile en Russie et une fin ratée, c'est tout le film qui prend l'eau malgré ses bonnes intentions.
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Jacques Maillot, est plutôt à l’aise dans la peinture d’un drame social en phase avec le vent mauvais qui souffle actuellement. Le bât blesse davantage quand il s’efforce de prendre du champ avec son histoire (une romance russe sur les vestiges du communisme, oui, les vieux rêves ont vécu) ou la clôt brutalement au mépris de tout aménagement scénaristique. Daniel Auteuil, lui, trouve là un de ses meilleurs rôles depuis longtemps.
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L'air du temps, Jacques Maillot le capte d'abord habilement, avec le portrait original d'un patron ni bon ni mauvais, qui semble poursuivre un rêve impossible. Volonté, impuissance, douleur, tout est dit. Mais quand on filme la crise, il faut, apparemment, mettre le paquet. Le cinéaste enferme donc chaque personnage dans le malheur et abat une chape de plomb sur toutes ces vies broyées. Le catastrophisme tenant lieu de discours, le scénario devient impossible. Et le film perd tout son crédit.
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Georges Pierret fabrique des bateaux de tourisme réputés, son entreprise marche bien, jusqu’au jour où les banques le prennent à la gorge et le contraignent peu à peu à entrer dans un engrenage où, de plans sociaux en acrobaties financières foirées, il se met à redescendre l’échelle sociale. La Mer à boire, c’est un peu Les Neiges du Kilimandjaro (Guédiguian, 2011) mais du point de vue du patronat, lui-même noyé dans la grande dilution initiée par le capitalisme financier. La description des stratégies propres à couler ce patron à l’ancienne est précise et captivante. Mais trop de maladresses (...) et une mise en scène un peu terne empêchent le film de convaincre tout à fait.
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Avec un solide Auteuil à la barre, ce mélodrame social exhale même un attachant parfum seventies à la Sautet. Pourquoi a-t-il fallu que le réalisateur (...) envoie tout couler par le fond avec cette ultime séquence parfaitement grotesque? Mystère. En marine, on appelle ça un sabordage.
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(...) cette "Mer à boire" vire à la panne sèche.
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Au final, Maillot rate sa Mer à boire et même Daniel Auteuil paraît un peu exsangue dans un rôle qui ne rend pas service à une carrière