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Après deux films pointus (L’Homme qui marche et La Fille et le fleuve), Aurélia Georges s’aventure sur un terrain plus mainstream avec un récit situé au cœur de la première guerre mondiale. Gamine des rues ayant échappé à la misère en devenant infirmière sur le front, Nélie décide de prendre la place d’une jeune femme qui décède sous ses yeux et de se présenter chez la riche veuve qui devait l’engager. La Place d’une autre est donc le récit d’une imposture, contrariée par le retour de celle qui n’était donc pas morte, désireuse de reprendre sa place. Le classicisme assumé de la mise en scène paraît d’abord étouffer le romanesque d’un récit riche en tension et rebondissements. Mais ce parti pris finit par créer le parfait écrin pour densifier les échanges riches en non- dits entre Nélie et sa patronne (Lyna Khoudri et Sabine Azéma, remarquables) et cette relation quasi- filiale qu’aucune des deux n’avait anticipée.