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C’est en 2002 qu’on avait découvert Florence Miailhe avec Au premier dimanche matin, un sublime court peint au pastel mettant en scène un bal de village, en hommage au village de ses parents où elle passait ses étés. Et sa famille (ses arrières grands parents fuyant Odessa au début du 20ème siècle ou sa mère sur les routes de l’exode vers la zone libre en 1940) se retrouve – avec les récits tragiques plus récents de ces migrants forcés à fuir leur pays en guerre pour sauver leur peau - au cœur de l’inspiration de ce projet de longue haleine. C’est en effet en 2007 que la réalisatrice s’est associée à Marie Desplechin pour imaginer l’histoire de deux enfants perdus sur la route de l’exil, ce récit initiatique à marche forcée vers un horizon plus apaisé. Le pays qu’ils doivent fuir n’est jamais cité, pas plus que l’époque où se déroule l’action. La Traversée vise ici universalité et intemporalité. Et le résultat se révèle à la hauteur de cette belle ambition. Construit comme un conte (autour d’un livre de croquis de son héroïne), il évolue entre réalité, rêves et cauchemars, peuplé d’autant d’ogres et de monstres que de bonnes fées. Ses rebondissements, aussi parfaitement orchestrés que l’utilisation de la voix off, laissent intact le suspense quant à l’issue de cette épopée. La peinture animée, technique d’animation choisie par cette diplômée des Arts Décos, donne naissance à des tableaux d’une beauté captivante pour un résultat d’autant plus impressionnant qu’il s’adresse à tous les publics, avec plusieurs niveaux de lecture différents.