Première
par Sophie Benamon
Le cinéaste de Mondovino, Jonathan Nossiter, n’avait pas donné de nouvelles depuis 2014 avec un documentaire sur son amour du vin naturel et biodynamique et du cinéma (Résistance naturelle). Devenu cultivateur en permaculture autour du lac volcanique de Bolsena, en Italie, oeuvrant à faire revivre des légumes et des fruits biologiques ancestraux, il avait mis le cinéma de côté. Il nous revient avec Last Words, un drame apocalyptique labellisé Cannes 2020, dont l’action se déroule en 2086, alors que la terre est un désert sans eau ni électricité. Une poignée d’hommes et de femmes survivent ça et là. Quand son héros Kal tombe sur des bobines de films, il décide de remonter à leur source : la cinémathèque de Bologne où un vieil ermite a remis en fonctionnement un projecteur. La rencontre avec le cinéma va créer un électrochoc chez le jeune Kal. Les deux hommes partent à la recherche de la dernière communauté en Grèce. Hélas, malgré de bonnes intentions (la culture élève l’humanité), le film se perd entre deux axes. D’un côté, Nossiter offre une réécriture de Vendredi ou la vie sauvage un peu maladroite où Kal l’Africain va apprendre de son « maître » européen, autant qu’il le sauve de la solitude. Il faut attendre une bonne heure pour que la deuxième phase du film commence, celle de communion par le cinéma. Les séances de spectateurs éblouis sont assez répétitives, les scènes érotiques carrément gênantes. Puis Kal se fait cinéaste (avec une caméra bricolée maison) et révèle le pouvoir ultime du 7e art : témoigner des histoires. Ouf, c’est (enfin) fini !