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Déportés à Auschwitz en 1942, Alfred Wetzler et Walter Rosenberg, deux jeunes juifs slovaques, ont réussi à s’enfuir le 10 avril 1944 pour sauver leur peau mais surtout révéler au monde ce qui se déroulait réellement dans ces camps de la mort. C’est de cette histoire vraie que Peter Bebjak (Leçon de classes) a décidé de s’emparer, dans un travail de mémoire qu’il juge encore plus indispensable aujourd’hui alors que l’extrême- droite a fait une entrée en force dans le Parlement de son pays. L’intention est louable mais le résultat laisse perplexe. Les débats critiques violents autour de La Liste de Schindler et du Fils de Saul l’ont montré, la représentation du quotidien des camps sur grand écran pose souvent question. Ici, Bebjak a choisi de ne jamais montrer les chambres à gaz et les fours crématoires car Wetzler et Rosenberg ne les ont jamais connus directement. Mais cela n’empêche pas d’éprouver une certaine perplexité devant la manière dont il met en scène le suspense dans ces camps de l’horreur. Sa réalisation est certes réfléchie et travaillée – de la caméra à l'épaule dominante pour accompagner ses personnages quand ils se planquent et s’enfuient au plan séquence de 13 minutes final quand ils se retrouvent face aux hommes de la Croix Rouge pour raconter leur difficulté à se faire entendre – mais elle a un côté trop visible, façon éléphant dans un magasin de porcelaine, pour qu’elle ne nous fasse pas sortir à intervalles réguliers du récit. La marche était sans doute trop haute pour lui.