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Comme dans tout road-movie qui se respecte, les seconds rôles sont vibrionnants (avec une mention spéciale à l’extravagante consule), les paysages photogéniques et le voyage plein d’enseignements. Mais, en dehors de ce parcours ultrabalisé par tant d’autres films, rien ne se passe vraiment. Même les pétages de plombs des protagonistes paraissent convenus. Ce qui manque, c’est le supplément d’âme artistique qui donnerait de l’épaisseur à cette fable humaniste.
Toutes les critiques de Le Voyage du directeur des ressources humaines
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Malgré tout, le cinéaste israélien ne fait pas une si mauvaise route. Portant une confiance sereine dans ses personnages, chacun d'eux étant un total étranger pour l'autre, son développement relationnel se déploie avec un joli naturel. Le film trace son chemin, à la fois limpide dans ses enjeux et suffisamment vague, intriguant, pour suivre la logique accidentelle de principe auquel il veut se soumettre : l'idée qu'il se constitue au fur et à mesure des évènements, qu'une chose en entraîne une autre imprévisible. Les renversements se succédant au fur et à mesure qu'on traverse les terres de l'Est, toujours plus désolées quand elles deviennent rurales, mais jamais folkloriques (Riklis, au contraire, trouve une juste distance de regard, à la fois naïve mais lucide). Ce qui sauve un peu le film du bilan effaré et attendu sur la mondialisation, repose sur son désir de conserver autant de tragique que de légèreté, d'humour, de tendresse et de recul pour ne pas sombrer ou accabler avec un discours. Chaque personnage a ici sa dignité, et si l'ambiguïté est un peu appuyée, elle n'est pas un principe. La délicatesse de ce voyage tient dans cette capacité à donner de la voix à chacun, aussi bien au DRH qu'au journaliste ou au fils et son père, ex mari délaissé. Plus que de la voix, Riklis les fait communiquer, et son récit devient autant un deuil qu'un portrait un creux et une épiphanie. Un film sur la rencontre entre ici et ailleurs, les vivants et les morts, la liberté, la famille, et une croyance en un certain universalisme.
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Au fil de ses rebondissements catastrophe, le film montre drôlement autant la bonté déployée au nom du sacro-saint marketing que la corruption et le délabrement des ex-pays du bloc de l'Est où tout s'achète, y compris les tanks. Humain et plein de ressources : pour une fois, on a affaire à un DRH qui porte bien son titre.
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Au final, le film est sympathique, mais cruellement consensuel. C'est d'autant plus regrettable que la mise en place de l'histoire laissait présager d'un cheminements moins "politiquement correct".
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Eran Riklis (« les Citronniers ») adapte en finesse un roman d’A. B Yehoshua et signe un film drôle, humain et politique à la fois. Cynisme du monde de l’entreprise, dictature du politiquement correct, mirage de l’exil, génération perdue de gosses roumains, marasme d’un pays où l’on se déplace en tank, « le Voyage… » est tout ça à la fois – un road-movie sur le retour au sens des priorités dont l’absurde désamorce en permanence le côté prévisible.
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La première partie du film, en Israël, semble jeter les bases d'une tragi-comédie sur le travail. Depuis la morgue, la salariée fantôme sème la panique chez ses employeurs et le DRH est contraint de renouer avec l'essence de son métier : les relations humaines. Antipathique au début, l'acteur Mark Ivanir impose, peu à peu, un charme revêche. Mais le film bascule quand le voyage commence. Il devient un road-movie rédempteur où Eran Riklis (La Fiancée syrienne, Les Citronniers) pratique une fantaisie forcée. Au fur et à mesure que le curieux attelage - le DRH, une consule excentrique, le fils de la défunte et un journaliste - s'enfonce dans les plaines gelées de Roumanie, la pseudo-poésie l'emporte. Face à cette Europe de l'Est corrompue et archaïque, le cinéaste ne prône qu'une morale lénifiante : il n'est jamais trop tard pour bien faire...