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Prix Interallié et Goncourt des lycéens 2019, Karine Tuil s’est brillamment emparée avec Les Choses humaines de la question de consentement, devenue centrale dans la foulée du mouvement #Metoo. 352 pages n’étaient pas de trop pour embrasser toute la complexité du sujet et y distiller de l’ambiguïté. On comprend donc aisément ce qui a donné à Yvan Attal, l’envie de le porter à l’écran et de retrouver le terrain du sociétal après Le Brio. Son personnage central (remarquablement campé par son fils Ben) est un garçon bien né : fils d’un journaliste star de la télé et d’une essayiste féministe, il suit de brillantes études aux Etats- Unis et c’est lors d’un bref passage à Paris, au cours d’une soirée que sa vie basculer en s’y rendant avec la fille (Suzanne Jouannet, une révélation) du nouveau compagnon de sa mère qui l’accuse de l’y avoir violée. La caméra d’Attal ne montre rien de ce qui s’est passé et cette soirée constituera le fil rouge des flashbacks, dans une quête de vérité complexe car, sans témoin, il s’agit de la parole de l’une contre celle de l’autre. L’âme du livre est donc respectée mais même en 2h20, le terrain du cinéma oblige à des raccourcis (notamment des personnages secondaires trop réduitsà des archétypes) jusqu’à l’inévitable procès final, que la mise en scène d’Attal ne parvient pas à transcender. Dans cette manière d’explorer les zones grises d’un fait divers et de s’emparer du huis clos du tribunal, La Fille au bracelet se révélait plus probant. Ceux qui ont lu Tuil risquent donc de sortir frustrés d’une adaptation… qui devrait donner aux autres l’envie de la lire !