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Lors de la conférence de presse dévoilant la sélection de ce Cannes 2014, Thierry Frémaux s’était foutu du cliché qui veut qu’on dise en général des films à sketchs qu’ils sont « inégaux ». Il continuait en expliquant que l’outsider de la compète, Relatos Salvajes, allait faire mentir l’adage, puisque tous les segments en étaient signés d’un seul et même homme (l’Argentin Damian Szifron). Résultat des courses, Frémaux risque de se moquer de nous, mais il faut bien avouer que Relatos Salvajes est un peu, hum… inégal. Mais ce n’est pas le plus important.
Il est aussi baroque, pétaradant, totalement inattendu dans ce contexte cannois, incroyablement shooté, superbement musical, et drôle aussi. Très drôle. Parfois très très drôle. L’ouverture du film – une poignée de minutes ressemblant à un épisode de La Quatrième Dimension subverti par le meilleur de l’humour noir british – est a priori le truc le plus irrésistiblement tordant qu’on verra ici cette année. Les influences ? Un peu Risi, un peu Monty Python, un peu Chuck Jones, un peu Coen aussi. Le fil rouge ? Des vignettes saignantes mettant en scène des relations sociales hystérisées et un pays au bord de l’explosion : deux types rejouent Duel façon cartoon sur une route désertique, Ricardo Darin (géant) se prend le PV de trop et pète les plombs, un mariage tourne au jeu de massacre, etc, etc. Il y a des segments géniaux, d’autres franchement bof, mais on en sort avec la certitude qu’on reverra ce film. Et peut-être qu’alors, à la deuxième vision, on comprendra que les moments « creux » étaient voulus, pensés et théorisés par le réalisateur comme seul moyen de faire respirer le métrage, de lui donner le carburant nécessaire pour tenir deux heures jusqu’à son climax cathartique, et passer ainsi de la case « film à sketch » à la case « film » tout court. Des pleins et des déliés, des petits moments de flottement, avant de décrocher l’uppercut au bon moment. Comme quoi, « inégal », c’est peut-être pas forcément un reproche…
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Damián Szifron semble n’avoir rien à envier à Michael Bay. Dans son film, on compte en effet un attentat à la voiture piégée, des autos tamponneuses grandeur nature, la démolition d’un immeuble et même un crash d’avion. Mais si le cinéaste argentin veut faire vibrer nos tympans, c’est avant tout pour attirer notre attention. Tel ce pilote fou qui réunit ses pires ennemis dans un avion ou le citoyen lambda incarné par Ricardo Darín qui obtient le respect en devenant terroriste, Szifron utilise lui aussi la force pour se faire entendre. Pourtant, son film à sketchs ne se résume pas à une succession de pétages de plombs, si jubilatoires soient-ils. D’un récit à l’autre, il étoffe ainsi son propos en tissant un réseau de relations tantôt funestes (pas de salut pour les enfants de salauds), tantôt rassurantes (des couples se déchirent afin de mieux se retrouver). Soit, au final, la métaphore d’une société historiquement gangrenée qui, au bord du gouffre, pourrait trouver la force de se rassembler.
Toutes les critiques de Les nouveaux sauvages
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une réussite totale, grâce à un scénario original, cathartique et jouissif, une tension qui ne retombe jamais, des personnages en lâcher-prise. Avec une dose vertigineuse d’humour noir, le réalisateur raconte comment d’honnêtes citoyens, confrontés à des situations ordinaires, disjonctent et décident de passer à l’acte pour réparer les injustices. Une bouffée d’air frais, un pur bonheur.
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Un sommet de comédie noire grinçante. Szifron fait monter la sauce avec une ironie diabolique et le film ne connaît dès lors aucune baisse de régime. Sauvagement drôle.
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Un portrait au vitriol bourré de cynisme et d'humour noir de tous les petits travers au quotidien de l'homme et de la société gangrenée au sein de laquelle il évolue.
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Un film à sketches qui décortique avec une malice un brin perverse la psyché de l’homme ou de la femme moderne confrontés à une haine qui les dépasse.
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le réalisateur argentin Damian Szifron livre un film aux sketches burlesques et cruels. Une véritable bouffée d'oxygène.
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Le réalisateur "des Nouveaux Sauvages" a réuni la crème des acteurs argentins pour livrer une vision corrosive d'une société capitaliste à bout de nerfs.
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C'est à mourir de rire et ça gratte du côté de nos pires colères et désirs de passage à l'acte. Formidable.
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Tout ici manque de finesse, assume une grossièreté franche. L’image n’est pas très belle, la mise en scène semble ne s’être fixée que l’efficacité comme objectif. Et c’est justement ce qui fait le charme du film.
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Une comédie acide. Et si réjouissante. Coup de cœur.
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Le film parvient à associer thriller, comédie et fantastique dans chacun de ses pendants, sur une écriture brillante, constante et efficace sur sa durée de deux heures. Ce qui est en soit un exploit.
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Damian Szifron signe avec son troisième long métrage une oeuvre géniale, critique et catharsistique sans oublier d'amuser le public. Il fait preuve d'une impressionnante maîtrise dans la mise en scène, avec un sens irréfutable pour l'action qui tue.
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Suite rapide de contes cruels aux détails pointilleux, ce film plein d’énergie met mal à l’aise. Le souci du détail psychologique et social donne aux blagues de potaches un statut qui dépasse celui des légendes urbaines. On peut même dire que le jeune Szifron fait oeuvre de moraliste et pose des questions justes sur la bourgeoisie de Buenos-Aires. Sa suite de séquences est rythmée avec génie, et même si le film est un peu long pour une suite de sketchs (plus de 2h), la réalisation et l’énergie du montage font qu’on rit de bon cœur et qu’on ne s’ennuie pas.
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On regrette que ces six histoires ne soient pas plus liées. Reste que le parti pris étonnant du réalisateur argentin font des "Nouveaux sauvages" une œuvre à part, un petit ovni qui tient autant du pop-corn movie que du cauchemar existentiel.
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C’est drôle, méchant et réjouissant. Cette comédie mordante produite par Pedro Almodóvar constitue un divertissement idéal en cette période troublée.
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Film à sketches survitaminé et férocement jouissif, Les Nouveaux sauvages est peuplé d’êtres en apparence inoffensifs qui, sous le coup de la pression environnante, rivalisent de barbarie.
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il y a d'excellents sketchs, d'autres moyens ou quasi inutiles. "Les Nouveaux Sauvages", réalisés avec vigueur, pointent les dérapages d'une société en crise d'humanité en y insufflant un rire de résistance. Salutaire aujourd'hui.
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Au moins trois éclats (une vengeance en avion, un thriller automobile, un mariage massacre) dans ce film-à-sketches impoli et hilarant.
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Absents cette année, Matteo Garrone et/ou Paolo Sorrentino ne nous manquent pas, mais on se demande s’ils n’ont pas envoyé une taupe nommée Damián Szifrón. Le pire est que ce dernier tient parfois de belles choses, comme cette improbable réconciliation du couple lors du sketch final. Mais il noie immédiatement cet étonnant instant de cinéma dans sa surenchère systématique : Relatos Salvajes se termine logiquement par un coït dans un gros gâteau à la crème.
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Le cinéma de Szifron (...) trahit un mauvais esprit, mais il fait mauvais genre : sa mise en scène n’est ni grandiose, ni poétique, ni particulièrement sensible ou inspirée. Elle relève d’une efficacité moins ciné que télévisuelle et semble presque fuir le lexique standard du cinéma d’auteur globalisé. Dans ses meilleurs moments, la qualité de ce mauvais goût fait songer à du Verhoeven. Cela (...) n’empêche pas son cinéma, qui cherche si bien à être déplaisant, de s’avérer sympathique.
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S'inspirant des films à sketches italiens, l'Argentin Damian Szifron, s'essaie avec un bonheur inégal à la férocité sociale.
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Film au départ très drôle, "les Nouveaux sauvages" finit par dresser un constat terrifiant de la société actuelle : un monde de parvenus, où la magouille et la tracasserie administrative triomphent et où la violence est reine.
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Six courts-métrages à la réussite variable (...) Derrière la farce se cache une critique féroce des pires travers de sociétés modernes procédurières mais dénuées de sens moral, ou la corruption et l’argent sont censées s’arranger de la vérité.
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L’humour y est féroce, outrancier, salvateur. Dommage que l’ensemble soit si inégal, avec d’énormes chutes de tension entre deux fous-rires – mention spéciale au sketch de la crevaison en rase pampa où l'on assiste à une magnifique défécation sur pare-brise.
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Devant ces petites histoires sans saveur, on conseillera volontiers au petit malin Szifron de découvrir la nouvelle et merveilleuse série anglaise INSIDE N°9 qui sur le même concept est bien plus ambitieuse et aboutie. On nous avait vendu un feu d’artifice, on aura eu tout au mieux un pétard (de poule) mouillé.
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Bien planqué derrière la farce avec ses rebondissements calculés au millimètre, le rapport à la violence n’en est pas moins complaisant et dessine rien de moins qu’une fable hourdée d’un populisme qui tache, avec l’idée satisfaisante et déresponsabilisante que le sauvage, c’est chacun d’entre nous, mais avant tout l’autre.
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Tout, jusqu'au titre (« Les Nouveaux Sauvages ») prétend rappeler la grande comédie italienne de jadis. Les films de Pietro Germi, d'Ettore Scola et, surtout, Les Monstres de Dino Risi. Problème : si les histoires sont plutôt réussies, assez caustiques pour la plupart, elles sont filmées avec les pieds. Pire que tout : le réalisateur, qui se voudrait truculent, n'est que vulgaire. Et ça, ça ne pardonne jamais...