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(...) en quelques années, la télévision et le cinéma français semblent avoir pris conscience que la Seconde Guerre mondiale et ses horreurs ne se limitaient pas à la Shoah ou au diptyque résistance-collaboration. On peut discuter de la valeur ou de la pertinence de ces films, mais on ne peut ignorer leur importance, au moins symbolique, dans la constitution de notre mémoire collective – d’aucuns diraient de notre identité nationale... Limiter Liberté à ce seul aspect – déjà capital – serait pourtant expéditif tant il s’agit aussi d’un véritable film d’auteur où Tony Gatlif réussit, malgré le poids du contexte, les contraintes inhérentes à la reconstitution historique et quelques concessions maladroites, à faire une oeuvre personnelle. On y retrouve en effet ce mélange de poésie et de transes, de musique et de grands espaces, de solidarité et de joie de vivre qui font le prix de ses films, consacrés à la célébration de la culture et du mode de vie roms, si souvent ignorés et méprisés.
Toutes les critiques de Liberté
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) un hymne vibrant à la culture gitane, dont l'acteur James Thierrée, époustouflant de grâce burlesque, est la magistrale incarnation.
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C’est cette page peu glorieuse de notre histoire nationale qu’évoque avec une grande force poétique Tony Gatlif. Si l’on peut lui reprocher une caractérisation un peu rapide des Français (les personnages incarnés par Marc Lavoine et Marie-Josée Croze sont quelque peu transparents sur le plan psychologique), on est saisi par sa description étonnante de l’âme tsigane. Par la grâce d’une mise en scène aérienne, il réalise un hymne ébouriffant à la liberté. Le métrage débute d’ailleurs par une image hautement symbolique où des barbelés ondulent au rythme de la musique, image saisissante et osée qui résume parfaitement l’entreprise artistique de Gatlif. Avec une grande pudeur et un minimum d’effets mélodramatiques, Liberté touche à l’universel et bouleverse à de nombreuses reprises, faisant de ce devoir de mémoire une œuvre poétique et non didactique. Indispensable.
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Et oui, Tony Gatlif sait mettre du talent, de l'émotion et de l'âme dans ses films. Liberté nous donne des ailes. Profitons-en pour nous envoler avec lui, ce beau conteur d'histoire, ce poète inspiré et ce cinéaste précieux.
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Cette ode à la liberté touche si profondément qu'on pardonne le trait parfois insistant dont use le cinéaste avec certains personnages.
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Depuis bientôt quarante ans, Tony Gatlif donne une image, une visibilité, une dignité aux tsiganes. Il offre aux “gadje” une meilleure connaissance de son peuple souvent victime de préjugés tenaces. Ne serait-ce que pour cette raison, le réalisateur occupe une position unique, essentielle, nécessaire sur l’atlas du cinéma. Avec le très ambitieux Liberté, il s’attelle à un sujet important et souvent oublié, voire occulté : la déportation et l’extermination des tsiganes par les nazis, épaulés en France par Vichy. Peu d’archives et de traces de ce tragique épisode historique.(...) Paradoxalement (ou logiquement ?), Liberté est à son meilleur quand il prend la liberté de s’échapper de son grave sujet.
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OEuvre énergique, puissante et bouleversante, « Liberté » lève pour la première fois le voile sur un drame occulté dans l’histoire : l’holocauste des Roms. Sur deux millions de Tsiganes vivant en Europe pendant la guerre, entre 250 000 et 500 000 ont été exterminés par les nazis dans une quarantaine de camps de concentration. Les archives qui en témoignent sont peau de chagrin. Et pour donner toute la véracité à son récit, il s’est inspiré de l’expérience d’une vraie résistante, une Juste déportée à Ravensbrück, Yvette Lundy, aujourd’hui âgée de 94 ans, campée de manière bouleversante par Marie-Josée Croze.
Comme elle et comme chacun des acteurs, parmi lesquels de vrais Gitans, Marc Lavoine s’est immergé sans compter dans ce très beau film. -
Avec Liberté, Gatlif signe un de ses meilleurs films. Parfaitement maîtrisé, emmené par une partition dynamique, Liberté nous maintient hors d'haleine et plein d'émotion.
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C'est donc tout aussi logiquement que les détails gatlifiens en diables dont Liberté est truffé (le personnage du jeune fou épris de liberté libre qui se met à courir sur des voies ferrées en hurlant, toujours filmé de la même manière), rayonnent au contraire de cet indécrottable rimbaldisme de cours de lycée qui colle à la peau du réalisateur. On a tellement vu dans l'oeuvre de Gatlif ces travellings filant à travers prés, forêts et potagers, ces suspensions musicales filmées comme un reportage pour Tracks qu'ils apparaissent, dans ce qui demeure assurément le meilleur film du cinéaste, comme de pures digressions.
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Avec Liberté, Tony Gatlif s'attaque au pan le plus sombre de l'histoire des Roms. Pour rendre hommage à ces victimes du nazisme, il préfère, comme à son habitude, dessiner des portraits à l'eau-forte de personnages hauts en couleur plutôt que de jouer à l'historien. Certains considéreront qu'il ne fait qu'effleurer son sujet. Mais Gatlif manie sa caméra comme un guitariste manouche son instrument, avec son âme et ses tripes.
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Aux effets mélodramatiques, Tony Gatlif a choisi la pudeur pour qualifier la force de l'âme tzigane. Bien lui en a pris.
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A sa manière résolument fébrile, le réalisateur montre bien le quotidien d’une communauté traquée, convoque une figure attendue de "fou" effrayé par les fantômes (l’acteur James Thiérrée, dont on saluera l’implication hallucinée) mais émeut surtout en quittant le plus pour aller vers le moins : un lent et long travelling sur des prisonniers tsiganes attendant la soupe dans l’hiver d’un camp français. Là, Gatlif joue la carte d’une exemplaire sobriété qu’il devrait, parfois, davantage méditer.
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Si Liberté est un des scénarios les plus écrits de son auteur, il finit quand même en roue (trop) libre. Cette fois, Tony Gatlif évoque le sort des Gitans pendant l'occupation allemande et convoque un village dont le maire prend fait et cause pour les gens du voyage contre l'avis de certains de ses administrés plutôt branchés Pétain. Une histoire qui tire sa légitimité du fait qu'elle fut peu (ou pas) racontée - c'est le bon point. Le mauvais étant que Gatlif court plusieurs lièvres à la fois et ne choisit pas entre la peinture d'un village français et celle du destin de ses "pères", détenus puis déportés par les autorités.
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Ce contexte suggère la lourdeur du fardeau qui pesait a priori sur les épaules du réalisateur. On pourrait y ajouter cet embarras supplémentaire : comment concilier la pesanteur tragique de l'événement avec l'effervescence poétique de la culture rom ? La réponse de ce film, le meilleur de Tony Gatlif, tient en un mot, qui lui donne à juste raison son titre : la liberté. Liberté de ne pas reconstituer frontalement l'extermination, liberté de prendre la tangente romanesque à partir d'histoires composites collectées dans la chronique historique, liberté enfin, mais aussi bien grand talent, d'insuffler à ce récit une sorte de poignante légèreté.
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Dès qu'il s'agit de reconstituer les exactions commises sous l'Occupation, le film s'essouffle, statique et scolaire. Il s'épanouit dans les courses à travers les forêts, ces fuites sur les routes, que Gatlif, cinéaste de la circulation, du roulis, de la migration, filme comme personne. Dès lors, bien plus que Marc Lavoine et Marie-Josée Croze, c'est l'acteur acrobate James Thiérrée qui s'impose le plus. Dans le rôle de Taloche, Rom fantasque, encore enfant dans sa tête, en communion avec la nature, le petit-fils de Chaplin est étonnant, entre innocent dostoïevskien et mime atteint de la danse de Saint-Guy. En lui, Gatlif a trouvé une incarnation poétique de cette liberté incoercible qu'il continue de défendre de film en film.