Première
par Christophe Narbonne
Connu en France sous le nom d’Edgar, le détective cambrioleur grâce à la série animée éponyme des années 80, Lupin III est, rappelons-le pour les profanes, le petit-fils d’Arsène Lupin créé par l’auteur de mangas japonais Monkey Punch il y a plus de cinquante ans. Malin, plaisantin, agile, maître du travestissement, Lupin III a été le héros de plusieurs moyens et longs métrages animés nippons, pour la plupart inédits en France. C’est donc avec un intérêt aiguisé par la rareté que l’on a découvert cette nouvelle aventure signée Takashi Yamakazi, un réalisateur méconnu chez nous dont le précédent anime, Dragon Quest – Your Story, est visible sur Netflix. De quoi retourne le film ? D’une quête, celle d’un journal fabuleux laissé par l’archéologue Bresson que convoitent des méchants néo-nazis, Lupin III et sa bande (Jigen, Goemon, Fujiko) et l’inspecteur Koichi Zenigata, ennemi juré de Lupin. Le journal permet en effet à celui qui saura le décrypter de faire fonctionner l’Eclipse, une arme surpuissante...
Lupin Jones
Sur fond de musique jazzy et de vignettes habilement montées, le générique évoque irrésistiblement un épisode de James Bond. Mais plus que Dr No ou autres, Lupin III The First renvoie aux Aventuriers de l’Arche Perdue avec son héros intrépide et comique et avec son Eclipse, l’équivalent de l’Arche d’Alliance censée donner aux Nazis la victoire. L’intrigue ne se contente cependant pas d’un clin d’œil aussi direct. Le personnage de Laëtitia, jeune femme dont le grand-père adoptif fraie avec un nostalgique du IIIè Reich, apporte au récit un romanesque bienvenu qui fait souffler sur ce grand film d’aventure le vent de la tragédie. Les seconds rôles ne manquent de leur côté pas de piment : Jigen, le bras droit vachard de Lupin, Goemon, le samouraï dépressif, Fujiko, la pin-up opportuniste, Zenigata, le faux nigaud... Évidemment, pour la plupart des lecteurs et des connaisseurs de l’œuvre de Monkey Punch, l’attente se situe au niveau des scènes d’action. Ils ne seront pas déçus. Époustouflante de maîtrise, l’animation en images de synthèse ménage quelques grands moments de mise en scène qui se cristallisent, comme chez Miyazaki, autour des courses-poursuites motorisées -voitures, avions. Du très grand spectacle à l’arrivée, à découvrir absolument sur grand écran.