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Dissipons de suite un malentendu : malgré ses faux airs de Toy Story au rabais, Mon Ninja et moi n’est pas un sous-Pixar, une pâle copie imaginée pour soutirer un peu de cash aux fans de Woody et Buzz. S’il partage une certaine vision du cinéma avec la firme d’Emeryville, le dernier rejeton en date de l’animation danoise se distingue en s’aventurant sur des terres où le studio américain n’oserait pas poser un pied. Bien plus malin que son synopsis ne le laisse penser (un gamin de 5e découvre que la poupée ninja offerte par son oncle est vivante, et capable de distribuer les bourre-pifs comme Jean-Claude Van Damme), ce récit d’émancipation danois prend rapidement un tournant d'une noirceur étonnante. On y voit notamment un enfant-esclave thaïlandais mourir sous des coups de bâton d'un adulte dans un atelier ; un gamin suspecté d'être fou se retrouver enfermé dans un hôpital psychiatrique ; une poupée qui souhaite se venger en donnant la mort… Autant de ressorts dramatiques savamment dosés, qui tranchent avec les scènes – souvent très réussies – de pure comédie, et donnent au message autour de l'affirmation de soi et de la justice une gravité atypique. Légèrement en deçà de ses ambitions sur le plan technique (la coproduction danoise n’a clairement pas les moyens de Disney ou DreamWorks, et ça se voit), le film compense par un joli travail sur la caractérisation des personnages et une mise en scène ciselée.