-
Ni film générationnel ni fantasme teinté de mélancolie avec son cortège de petites culottes en coton, Naissance des pieuvres nous fait pénétrer brutalement dans la chambre des filles. Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ce n'est pas rien.
Toutes les critiques de Naissance des pieuvres
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Naissance des pieuvres aligne sèchement des gestes qui n'autorisent aucun sentimentalisme, aucun jugement. On y enterre son soutien-gorge dans le jardin, on y expédie un crachat dans une bouche, on s'y conduit en sorcière ou en petit soldat discipliné pour la compétition. Mais les ballets nautiques sont un leurre, car l'essentiel est d'apprendre à tomber amoureuse d'une fille.
-
Céline Sciamma filme l'adolescence dans son intemporalité: les instants de fusion, l'insatisfaction, les menues étrangetés et l'angoisse de la norme. Les plans sont fixes, l'image stylisée est souvent étonnante, les dialogues laconiques, mais Naissance des pieuvres est autant un film d'action que Rio Bravo. Les cow-boys sont les jeunes filles, sommées d'affronter une nouvelle tribu.
-
A contre-pied des parcours traditionnels sur l'âge ingrat, le récit joue avec les codes tout en explorant la sexualité avec une franchise plutôt rare dans le cinéma français. A travers les pulsions mal contrôlées de ses héroïnes, la cinéaste ausculte le territoire des désirs inassouvis, capture les moments de désarroi, sonde la douleurs et restitue, avec justesse, les sensations épidermiques du sentiment amoureux.
-
En racontant l'histoire du point de vue unique de ses héroïnes, Naissance des pieuvres envoie par le fond tous les clichés éculés des teen movies, s'approche au plus juste du mal-être qui habite ces pieuvres prêtes à cracher leur encre. La sexualité naissante déploie ses tentacules d'ambiguïté avec crudité et sans tabous. Si la caméra organique s'attarde un peu trop sur les visages et les silences, ce film marque la naissance d'une réalisatrice qui a l'air de savoir bien nager.
-
Et toi, t’es sur qui ?, le mois dernier, abordait un sujet proche en le clarifiant par la tchatche. Les situations ici sont plus opaques et l’accès au film plus rude – surtout au début, où la réalisatrice se retranche un peu trop derrière sa mise en scène d’école. Autant les mots ont ici du mal à sortir, autant le corps – nu ou habillé, affirmé ou complexé – ne cesse de s’exprimer et d’être exposé. A l’extérieur du bassin, la réalisatrice filme un autre ballet fait d’élans brisés et d’allersretours incessants.