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De Michel Vaujour, on se souvient des spectaculaires évasions dans les années 80. Maroun Bagdadi en avait tiré La Fille de l’air avec Béatrice Dalle. C’est à cet homme désormais libre, retourné dans sa campagne natale, que Fabienne Godet donne la parole. Elle le filme au plus près (physiquement et moralement) pour qu’il raconte : ses vingt-sept ans de prison, cet enfermement terrible et destructeur et, surtout, cette libération intérieure à laquelle il est parvenu. Ce faisant, elle porte un regard lucide sur l’univers carcéral, sa violence, son inadaptation. Passionnant.
Toutes les critiques de Ne me libérez pas, je m'en charge
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce documentaire a la force d'une clé qui ouvre une porte de prison. Une célébration de la vie.
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Libre depuis 2003, Michel Vaujour raconte son parcours, sans gloriole et sans haine. Face à la caméra, seul en gros plan ou accompagné de quelques proches, il explique ce que l’enfermement fait des hommes, a fait de lui. Comment il a tenu : grâce aux amis, grâce aux amours. Mais aussi en rentrant à l’intérieur de lui-même, en s’effaçant pour ne plus souffrir, en tentant d’oublier que jamais plus il ne touchera un arbre. Pudique, lucide. Sans larmes - il ne sait pas pleurer-, sans l’innocence qui permet de vivre. Pas triste mais mort quelque part. Celui qui, dans les vivants, voit les futurs morts, est resté un être humain. Ce film en est la preuve, terrible et bouleversante.
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Ne me libérez pas, je m'en charge est un portrait intime, braqué sur un visage, à l'écoute d'une parole, complice d'un ascétisme, d'une philosophie. C'est le récit d'un homme qui verbalise sa métamorphose. Le face-à-face d'un éternel évadé avec ce qu'il croyait être sa réconciliation avec lui-même. Vaujour a compris que sa prison était existentielle, que sa révolte l'avait enfermé, qu'il lui aurait fallu trouver d'autres façons de se libérer des valeurs de son milieu. Il était son propre geôlier.
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Entre la trivialité un peu triste du présent de Vaujour, que Fabienne Godet filme dans des intérieurs fanés, et son passé extraordinaire - des complices amoureuses, un ex-codétenu devenu frère d'armes -, le contraste est aussi poignant qu'édifiant. Peu à peu, Michel Vaujour effrite sa propre « légende », écornant la mythologie du milieu et de ses pseudo-codes d'honneur. Ce faisant, il dissipe heureusement le trouble instillé par le regard d'une réalisatrice manifestement tombée sous le charme.