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De la même manière qu’elle désossait les codes du western dans son précédent film, La Dernière Piste, Kelly Reichardt s’emploie ici à mettre à nu le film
de casse. Avec son approche comportementaliste, privilégiant les longues plages de silence et l’enregistrement de détails très concrets, la réalisatrice parvient à créer un suspense entêtant à partir d’une matière narrative opaque et filandreuse. Hélas, le film perd de son pouvoir de fascination – et de sa pertinence politique – dans une deuxième partie plus psychologisante et maladroite, qui étudie le dilemme moral des eco-warriors joués par Jesse Eisenberg et Dakota Fanning, hantés par la paranoïa et la culpabilité. Le parti pris du mutisme hardcore fait long feu. Dans un autre film intitulé Night Moves, signé Arthur Penn (La Fugue en VF), un privé joué par Gene Hackman disait à propos du cinéma d’Éric Rohmer : « C’est comme regarder de la peinture sécher. » C’est malheureusement aussi l’effet que produisent parfois les films de Reichardt, toujours sur le fil entre puissance contemplative et velléités arty rasoir.
Toutes les critiques de Night Moves
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On attendait le dernier film de Kelly Reichardt avec impatience. Le résultat ne nous déçoit pas. La réalisatrice nous livre avec Night moves un thriller poétique et existentiel qui pourrait bien la faire connaître à un plus large public.
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Le réalisateur Kelly Reichardt nous livre ici un film parfaitement interprété par les différents acteurs, sur la destruction d’un barrage hydroélectrique par trois jeunes activistes écologistes, une réussite !
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"Night Moves" (...) orchestre un thriller de très basse intensité sur fond d'attentat écoterroriste, dans la nature omniprésente de l'extrême ouest des Etats-Unis. Il pose la question, face à un monde en crise profonde, de l'écœurement de la jeunesse, de la tentation du retrait et du soulèvement, du recours impérieux à la violence.
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Tout l’intérêt du film, en dehors d’une maîtrise absolue des codes du film noir (le suspense, la paranoïa, le destin aveugle, etc.), tient dans ce qui travaille le cinéma de Kelly Reichardt depuis ses débuts : un rapport ambivalent avec la nature. La Terre nous nourrit bien évidemment, nous en sommes le fruit, mais, comme les hommes, elle porte elle aussi en elle les forces de son autodestruction.
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Un des meilleurs films d’Arthur Penn, sa méthode de direction des acteurs est sensible, avec du sens.
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Le thriller, grand prix au dernier Festival de Deauville, pose la question suivante : la foi en une cause légitime-t-elle la violence ? Et culmine, après un pic de tension, avec la rumeur d’une explosion soufflante. La deuxième partie (les états d’âme du trio en pleine paranoïa) laisse plus froid.
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« Night Moves » : Filmé dans une nature sauvage sublime et avec une certaine lenteur, ce « thriller » nous dépeint avec minutie et sobriété la façon dont on peut basculer -- ou pas -- dans l'activisme écologique.
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Un thriller politique doublé d'un film d'angoisse, où la réalisatrice révèle la violence tant psychologique que physique qu'induit tout engagement radical.
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Bercé par une musique entêtante, ce film linéaire détaille les préparatifs matériels de l'attentat, un peu comme dans "Mission Impossible" ! Et réussit à créer un suspense dans une jardinerie, au moment de l'achat du nitrate d'ammonium... Mais il montre aussi l'après-coup et l'impact moral de leur acte sur ses auteurs. Le héros, taciturne est remarquablement interprété par Jesse Eisenberg.
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« Night Moves » est un thriller comme on les aime, du genre qui vous prend à la gorge. On se glisse facilement dans la peau de Josh marchant sans cesse sur le fil de la légalité près à basculer pour la bonne cause.
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La cinéaste signe son film le plus abouti à ce jour (...) et le plus classique. Un film de genre trouble et intériorisé (...).
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Un film en forme de splendide requiem. (...) Ce thriller écolo n'a rien de vert, il baigne dans le soleil noir, mélancolique, de la solitude. Maîtrisé, avec ses plans au cordeau, ciselés, nerveux, sa précision géométrique ouatée par des nocturnes atmosphériques.
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Après s’être attaquée au western, Kelly Reichardt propose ici une version décalée du film à suspense. Où les terroristes ne sont pas des islamistes mais des militants écologistes. Où l’angoisse sourd d’une savante alchimie de sons, de couleurs et de durées, qui a valu au film le Grand Prix du dernier festival de Deauville.
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Cet honnête thriller qui s’affranchit des règles du genre préfère rester au plus près de ses personnages plutôt que de tourner sa caméra vers une scène spectaculaire. Il dresse un tableau assez fin de l’évolution psychologique de chacun.
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Film après film, le cinéma de Kelly Reichardt semble ainsi se durcir, dominé par l’amertume, l’impuissance et la conviction que tout est foutu.
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Une énigme élégante, un détective privé qui partage des révélations étranges.
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Kelly Reichardt ne sait pas finir ses scénarii – un vrai défaut récurrent dans sa belle filmographie – et c’est particulièrement vrai ici, avec ce final digne d'un mauvais thriller où le héros semble agir en dépit du bon sens.
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La force et la limite du cinéma expérimental tranché de Kelly Reichardt. Le film fascine par son style qui donne un attrait particulier à l'épopée émotionnelle de nos écologistes terroristes mais finit vite aussi par n'exister qu'à travers lui. Bien trop juste sur 107 minutes pour être vraiment convaincant.
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Le film montre ceux que le cinéma américain oublie: la jeunesse, dont la révolte n’est pas urbaine. Mais aussi les paysages. Il y a une lenteur et un bonheur de la contemplation inhabituels aujourd’hui
outre-Atlantique. Dakota Fanning imprime la pellicule de son charme, et surprend par sa dextérité à habiter aussi bien «Twilight» que les petites productions minoritaires. -
Kelly Reichardt filme très en recul l’évolution de ses personnages, sans chercher l’identification, comme une entomologiste des sentiments. "Night Moves" (littéralement "virée nocturne") réclame de fait un effort participatif, le film ne cherchant aucunement à flatter les attentes du spectateur.
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Protagonistes, aux motivations toutes bien différentes, que l'on n'arrive d'ailleurs jamais vraiment à cerner. Jesse Eisenberg,(...) employé dans une ferme biologique, solitaire et distant duquel on ne parviendra jamais à percer les motivations, ni la culpabilité croissante que Kelly Richardt tend à vouloir montrer. A trop s'éloigner, la caméra de cette dernière semble perdre de vue, dans la deuxième partie du film, ses personnages et ce qui les rend humain et donc dignes d'intérêt pour le spectateur.
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Thriller contemplatif et paranoïaque, “Night Moves”, après une entame aussi mystérieuse qu'intrigante, finit néanmoins par naviguer à vue et se perdre dans le brouillard.
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Le cœur du film bute sur sa propre dimension politique, assez mal interrogée.
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Un film sur un détective privé trop vieux et prévisible complètement envahi par une intrigue qui le dépasse.
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Partant d’une idée de départ bateau mais non moins intéressante, la réalisatrice effectue un plantage dans les règles et à tous les niveaux