Première
par Christophe Narbonne
Au rythme des bouffes, omniprésentes comme dans Still Walking et génératrices de sensations et de souvenirs proustiens, se dessine une cartographie familiale complexe, qui laissait espérer LE grand film cathartique de la compétition. Au lieu de ça, Kore-Eda ressasse ses motifs (retenue maximale, bienveillance apparente des personnages, non-dits insidieux) avec une application d'artisan sûr de ses effets. Le résultat frustre plus qu'il ne convainc : pas de scènes franchement marquantes ni de performances incroyables (la grand-tante jouée par l'inénarrable Kirin Kiki vole les trois-quatre scènes où elle apparaît, c'est dire).
Tout du long, on a comme l'impression d'une promesse de film jamais tenue. Dans certaines scènes, on y croit même fort. La traversée en vélo d'une allée de cerisiers dénote une poésie qui manque cruellement à l'histoire, désespérément littérale. Une confrontation pleine de cruauté entre les trois premières filles et leur mère accouche d'un minuscule séisme émotionnel, sitôt vu, sitôt oublié. A force de privilégier les creux, Kore Eda finit par s'y enfoncer. Doucement, l'air de rien.