Toutes les critiques de Petites

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Camille a 16 ans quand elle tombe enceinte et se voit contrainte de garder l’enfant, ne s’en étant aperçue qu’après le délai légal. Avant que la décision d’une juge pour enfants de la placer dans un centre pour filles- mères, considérant sa mère à elle inadaptée à s’occuper d’elle, ne rajoute à sa situation chaotique. Le premier long de Julie Lerat- Gersant (inspiré par le temps qu’elle a passé dans les centres accueillant ces ados- mères et leurs nourrissons) avance solidement sur ces deux jambes. D’un côté le portrait d’une adolescente en rébellion contre le monde entier, sevré d’un amour maternel que sa mère, toxique malgré elle, dévorée par ses propres tourments, se montre incapable de lui transmettre. De l’autre le récit du quotidien d’une institution publique tentant d’agir au mieux malgré le manque de moyens et de ses éducateurs placés dans une position de parent de substitution compliquée à tenir au quotidien. Et bien que cherchant à comprendre ce que signifie au fond être mère, Petites n’a rien d’un film à sujet. Car ce qui passionne la réalisatrice ici, ce sont les personnages, cette Camille (Pili Groyne, impressionnante) que sa caméra ne lâche pas d’une semelle comme les Dardenne leurs héroïnes et cette éducatrice – magistralement campée par Romane Bohringer – aussi passionnée par son métier que désillusionnée sur son réel impact. Petites parle de résilience en faisant fi tout manichéisme et misérabilisme (à l’image aussi du personnage tout en complexité de la mère). C’est ce qui le rend aussi riche en surprises que diablement attachant.