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Dans Play, d’Alicia Scherson, une jeune femme s’insinue dans la vie d’un homme dont elle a trouvé par hasard la sacoche. Le postulat scénaristique en vaut d’autres, mais, hélas, la fiction tourne vite en rond et en longueurs.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Cécile Mury
Ce premier film d’Alicia Scherson tisse un jeu de piste en forme de plan de ville, tout en chassés-croisés et micro-scènes drôles ou insolites. Le trait est léger, ludique (quand Cristina se prend pour son héroïne de jeu vidéo favorite, ou espionne Tristan en douce), mais dessine des lignes de solitude désespérément parallèles. Un joli film sur la vie urbaine, d’où émerge le personnage principal féminin, délicieusement fêlé et mystérieux.
- Fluctuat
En suivant les pas d'une jeune fille curieuse et solitaire, Alicia Scherson, auteur de plusieurs courts-métrages expérimentaux remarqués, dresse l'intriguant portrait sensitif d'une métropole - Santiago du Chili - en mouvement. Malgré de jolis moments, l'hermétisme du projet et des personnages, sans épaisseur, confine ce petit conte urbain à une réussite plastique où l'émotion peine à trouver sa place.
- Exprimez-vous sur le forum PlayDepuis la fin de la dictature (1973-1989), le Chili et son cinéma évoluent. L'absence de censure et le changement d'idéologie ont modifié ses valeurs, donc son identité. Grâce à des fonds publics orientés (Loi du cinéma, création d'Ecoles du Cinéma du Chili en 1999-2000) et le faible coût des nouvelles technologies, des perspectives se sont ouvertes et se concrétisent aujourd'hui sur les écrans (La Sagrada Familia, En la cama).Logique, dans ce contexte, que l'identité, individuelle ou nationale, soit au coeur des préoccupations. Celle des personnages d'Alicia Scherson épouse les mêmes contours incertains que la ville en devenir qui les abrite.Tout juste plaqué par sa petite amie, Tristan se fait dérober son attaché-case. Délesté d'une partie de sa vie, ses repères vacillent et sa condition se rapproche de celle de Cristina (Viviana Herrera), jeune fille de la campagne qui soigne un vieux polonais mourant. Aussi étrangère à Santiago du Chili que son patient, la découverte de l'objet volé, et de son contenu, lui offre un point d'ancrage « rêvé » pour appréhender une réalité qui lui échappe.S'ouvrant sur une partie de Street Fighter, Play opère un mouvement de balancier constant entre réalité et virtualité. Flottant entre deux mondes, entre deux mélodies, son équilibre précaire lui confère un charme certain. Comme dans un jeu vidéo, les personnages peuvent s'y suivre jusqu'à l'absurde, et les objets découverts, mais pas tous, permettent d'accéder au niveau supérieur. Ils ont la fonction de clefs ouvrant de nouveaux univers. Cristina y progresse par à-coups et, peu à peu, reconstitue un puzzle dont elle ignore le nombre de morceaux et le motif final.Plutôt jolie, cette idée est bien mise en valeur par une mise en scène qui privilégie la sensation. Que ce soit par l'image, le son de l'Ipod de Tristan (musique techno répétitive qui isole du bruit de la ville) qui balise les déplacements, ou l'odeur (renifler pour identifier), la réalité s'attrape par les sens, semble nous dire la réalisatrice. Pour contrebalancer l'intrusion du virtuel dans nos existences et surtout la vitesse du monde, c'est dans notre partie animale et charnelle que réside l'espoir. Se posent quelques questions : comment définit-on un être humain ? Nos objets occultent-ils l'essence de notre humanité ou la révèlent-t-ils ?Au fil de ces déambulations, c'est pourtant le portrait d'une ville qui se révèle : Santiago du Chili. Capitale dénuée d'histoire, aux couleurs pastels apaisées mais un peu tristes, celle-ci devient un personnage à part entière tout en demeurant insaisissable, car toujours en mouvement. Le grouillement et l'anonymat de la cité alimentent un peu plus cette idée d'une déshumanisation, peu optimiste, mais étrangement sereine et distanciée, presque irréelle.Charmant dans sa façon d'accorder de l'importance aux petites choses, Play pêche par son hermétisme qui maintient notre empathie à distance. Ses personnages, à deux dimensions, manquent cruellement d'épaisseur et, au final, dans ce monde clos sur lui-même, on se détache trop facilement d'eux, les suivant d'un oeil, avec plaisir, mais sans vraiment s'en inquiéter. La réalisatrice tente de gommer cette sensation au cours d'une conclusion plutôt réussie. Mieux vaut tard que jamais car dans cette partie, on a qu'une vie... "Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?"
Lamartine (Mily ou La Terre natale) Play
Alicia Scherson
Avec Viviana Herrera et Andrès Ulloa
Sortie en salles le 11 avril 2007Illus. © Bodega Films
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