-
Elle s’appelle Cailee Spaeny. Et si vous ne l’aviez pas remarquée dans Pacific Rim Uprising, ou Mare of Easttown, vous ne serez pas près de l’oublier avec le tour de force qu’elle réussit ici. Incarner avec une fluidité et une précision exceptionnelles Priscilla Presley, de ses 14 à ses 29 ans, de sa rencontre avec le King Elvis en 1959 jusqu’à leur séparation en 1972. Cette composition – primée à Venise- pourrait justifier à elle seule la découverte de ce Priscilla si celui- ci ne contenait pas d’autres atouts majeurs en poche. Car s’il ne rabibochera pas Sofia Coppola avec ses contempteurs, celle- ci continue ici à creuser avec superbe le même sillon. Son Priscilla dialogue avec Virgin suicides, Somewhere et autres Marie- Antoinette dans cette description d’une jeune femme enfermée dans une cage dorée. Une victime consentante certes – elle a voulu cette histoire d’amour, encore mineure – mais victime indéniable puisqu’en s’échappant de l’éducation stricte de son père, elle rejoint une autre sorte de prison – Graceland – à l’intérieur de laquelle Presley va peu à peu la couper des siens, lui dicter comment se vêtir, la faire devenir accro aux somnifères entre autres joyeusetés. Priscilla constitue le parfait contrechamp du flamboyant Elvis de Baz Luhrmann, l’envers peu reluisant du décor glamour. Et par son parti pris de dépouillement qui nous plonge dans la tête de son héroïne et d’une descente aux enfers dont elle prend peu à peu conscience, Sofia Coppola ne martèle rien. Elle raconte l’emprise dans un magnifique geste de cinéaste et de sororité mêlés.