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On connaît la formule depuis Le projet Blair Witch - utiliser une facture de faux reportage pour créer une vraie terreur. Rec l'exploite habilement, réussissant quelques scènes flippantes, mais ne dépasse pas les limites de son procédé. Au bout d'une heure, impossible de ne pas poser la question qui fâche: vous continueriez à filmer, vous, avec les 12 morts-vivants galopant à vos trousses pour vous chiquer le mollet? Le rythme hyper nerveux du film se charge heureusement de récupérer aussitôt l'attention. Efficace, à défaut d'être révolutionnaire.
Toutes les critiques de [Rec]
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
La peur n'a pas été aussi bonne depuis longtemps: positive et totalement jouissive, dépourvue d'arrière-pensée et d'hémoglobine. Durant 1h20, la tension ne faiblit jamais.
- Ellepar Philippe Tretiack
Avis aux amateurs, ce film d'horreur-là est vraiment... horrible. Tourné dans des conditions d'une série de télé-réalité, Rec compile tous les registres de l'épiouvante avec une maestria explosive.
- Fluctuat
Alors que Cloverfield réhabilitait récemment le dispositif de Blair Witch pour une improbable mutation avec Godzilla, REC se charge du film de zombie ou presque. Au final un survival horror en DV efficace mais inégal et un peu surestimé.
On pourrait dire que REC c'est un peu la synthèse entre Le droit de savoir, Rage, Zombie et Cannibal Holocaust, avec des réminiscences de jeux vidéo comme Silent Hill ou Resident Evil pour le côté immersif, et un dispositif hérité du Projet Blair Witch que Cloverfield a réactualisé récemment. Et il serait facile d'en rester à ce chapelet de références car tout le film de Jaume Baleguero et Paco Plaza tourne autour de ce rond-point. Mais ce serait un peu court. Pour donc mieux resituer ce petit survival horror next gen qui a fait trembler les festivals (où il a cumulé les récompenses), rappelons son principe : un cameraman et une présentatrice télé tournent un reportage sur une caserne de pompiers à Barcelone. Il fait nuit, la reporter fait quelques entretiens, erre dans les couloirs vides, puis soudain un appel. Direction un immeuble où les habitants attendent dans le hall avec la police. On a entendu des cris dans un appartement. Toute la petite équipe, suivie par les journalistes qui ne rateront rien, c'est décidé, monte examiner la situation. Dans la pénombre d'un salon, au bout d'un couloir, une vieille décatie attend, hagarde, les vêtements maculés de sang. A peine le temps de s'approcher qu'elle bondit enragée à la gorge d'un flic. Panique, cris, on cherche à s'échapper, mais l'immeuble est bouclé par la police et des hommes en combinaison anti-bactériologique.A peine quinze minutes ont suffi à installer la prison verticale dans laquelle le film va se déplacer caméra au poing et en temps réel. Car REC reprend bien à son compte le dispositif initié par Blair Witch : le film caméscope en tourné monté, avec sa logique de tout filmer quoiqu'il advienne. Sauf que depuis, du temps est passé. L'acte d'enregistrer n'est plus si innocent, il faut désormais définir son mouvement, lui donner du recul dans une époque où les images sont partout, comme si on cherchait à inventer une « réalité filmée » qui serait notre meilleure information du monde. Peut-être même la seule valable. REC tente donc de s'accaparer un discours critique sur cette obscénité gourmande, perverse et illusoire dont Cloverfield avait décidé de ne pas s'embarrasser. Seulement l'idée ne va pas plus loin que son énoncé (martelé), et le film, finalement peu soucieux de morale ou d'éthique, ne part que dans une direction : revitaliser le survival horror à coups de caméra DV pour jouer avec la palette des effets de réel. Et c'est peut-être mieux ainsi, que Plaza et Balaguero ne réussissent que là où on les attend : donner le maximum avec le minimum.Si REC n'a donc pas grand-chose à dire sur la technique qu'il exploite, ni sur un quelconque background expliquant les causes de cette zombification (sinon un ultime et balourd retour au folklore balaguerrien en guise de conclusion), il arrive néanmoins à exploiter en partie son dispositif tout en justifiant son appétit vorace (tout filmer). En trois temps et crescendo, il part du quotidien (un reportage sur une simple intervention), pour dériver vers une cannibalisation généralisée des occupants où l'espace en colonne parcouru d'embranchements multiples prend une importance capitale même s'il n'est pas toujours bien utilisé. Malgré une pause sociologique assez vaine à mi parcours où le film tente d'intéresser avec la vision de chacun, il revient vite sur ses rails pour créer une tension implacable dans un monde clos qui progressivement se resserre comme un étau en fermant toutes ses issues. REC avance ainsi par effeuillement, écrasement et contraction, réduisant petit à petit les possibilités de survie et l'espace au fur et à mesure que les habitants sont contaminés. Jusqu'à la dernière partie, un peu déboussolée, où la pression monte alors brusquement sur la journaliste et la caméra, acculées vers des zones condamnées menant à une frénétique descente aux enfers dans l'obscurité.Là où Cloverfield utilisait donc son dispositif pour introduire du fantastique dans un tissu d'images garantes de notre illusion de la réalité, REC, moins simulateur et doué que son frère hollywoodien, ne capitalise en définitive que sur son surplus étouffant de véracité, des contraintes artificielles du matériel technique à la vue subjective qui subit ou a toujours un temps de décalage sur l'action. S'il ne réinvente rien tant sa mise en scène recycle poncifs et facilités (ah les portes), il réussit toutefois à faire son effet comme Blair Witch à son époque. Ce qui invite à se demander si la révolution numérique au cinéma, dialectisée ou non, c'est pas déjà du passé, ou un faux problème. REC
De Jaume Baleguero et Paco Plaza
Avec Manuela Velasco, Ferran Terraza, Jorge Yaman
Sortie en salles le 23 avril 2007
Illus. © Wild Side
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