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Imaginez Guy Ritchie réalisant sa version décérébrée de Brazil, avec Jude Law et Forest Whitaker dans les rôles de fonctionnaires du crime
lancés dans d’insensées scènes de tuerie. Virulente satire du système capitaliste ou film d’action dégénéré ? Sur le papier, Repo Men avait le potentiel d’un nouveau Fight Club. Tel quel, il reste une respectable tentative de greffe entre conventions de film de genre à la Jerry Bruckheimer et brulôt anarchisant. Pas sûr qu’il aide Barack Obama dans sa volonté de remodeler le système de santé américain mais, à son échelle, cet objet singulier dynamite de l’intérieur le modèle hollywoodien actuel.
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par Yann Lebecque
Repo Men n'est peuplé que de monstres d'égoïsme, de cynisme, comme si la morgue était la seule valeur transmise d'en haut - vision tellement proche de notre monde actuel où la financiarisation a fini par déshumaniser l'ensemble de la population mondiale. Un monde assez noir pour qu'une sorte de chasseur de prime sans scrupule puisse encore paraître sympathique, sa volte-face suffisant à le rapprocher du Sam Lowry de Brazil. Après tout, même si l'amour n'est pas le déclencheur de cette trahison, cela reste une affaire de coeur.
Violent, décomplexé, rythmé par une bande-son énergisante qui alterne les envolées symphoniques de Marco Beltrami et une playlist musicale joyeusement décalée, Repo en risque de faire grincer quelques dents et ne s'attirera la faveur de tous les publics. Tant mieux ! La science-fiction n'est-elle pas, par essence, un genre subversif et impertinent ?
(...) au vu de ses nombreux défauts (script pas croyable, mise en scène un peu molle), cette satire cinglante et sanglante de la société de demain, manifeste contre la société de consommation à crédit, devra demander beaucoup de recul et de second degré au spectateur pour qu’il adhère à sa démarche singulière. Une fois l’effort réalisé, il n’est pas interdit d’y éprouver un plaisir coupable.