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Tout part d’un projet de Derek Cianfrance : Metelhead, une docufiction où le couple formant le groupe de sludge metal Jucifer aurait joué ses propres rôles de chanteuse et de batteur devenant peu à peu sourd. Mais il abandonne soudainement le projet et le met dans les mains de son co- scénariste de The Place Beyond the Pines. Sous la direction de Darius Marder, Metalhead va devenir Sound of metal et le docu- fiction, une pure fiction tout en en conservant la trame : cette perte auditive qui va faire voler en éclats ce duo sillonnant les USA de concert en concert dans leur caravane et par ricochet leur couple. Sound of metal se concentre sur la difficile résilience de son héros, ex toxico qui voit ses vieux démons se réveiller alors que, séparé de sa compagne le temps d’une hypothétique amélioration de son état, il est pris en charge par une communauté religieuse dirigé par un vétéran ayant perdu l’ouïe au Vietnam. Une histoire éminemment émouvante que Marder réussit à ne jamais faire basculer dans le lacrymal sans pour autant la dévitaliser. Grâce à un remarquable travail sur le son pour traduire comment son héros perçoit le monde extérieur. Et grâce au mélange de finesse et d’intensité que Riz Ahmed déploie dans l’incarnation de son personnage. En solitaire, en groupe, comme face à petite amie campée par l’épatante Olivia Cooke. Fort de ces talents- là, Sound of metal laisse cependant un petit regret. Celui de rester un peu trop dans les clous. Pas dans son récit dont la fin n’est pas courue d’avance mais dans sa réalisation trop propre sur elle pour pleinement convaincre.