Première
par Thomas Baurez
Comme tout bon cinéphile qui se respecte, le français Jean-Baptiste Thoret n’écoute que lui. Dans ses films de réalisateur en revanche, on l’entend moins, voire pas. Il écoute les autres avec patience. L’Amérique et ses démons restent le socle de ses voyages. Après We Blew It (2017) et Michael Cimino, un mirage américain (2021), voici ce Neon people qui part à la rencontre de ces homeless vivants dans des tunnels d’évacuation d’eau au sein des entrailles de Las Vegas. A la surface, le Strip et ses mirages, en dessous, l’enfer invisibilisé du réel. Thoret s’intéresse à une poignée d’hommes et de femmes ballottés entre espoir et résignation, courage et désespoir…. La mise en scène toujours à bonne distance et adepte du temps long saisit plus qu’une parole mais bien une voix. Celle d’une Amérique fracturée de partout dont les récents films d’Ari Aster et PTA se sont fait l’écho halluciné. Passionnant.