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Nicolas Montigny a été assassiné à Bastia en 2001. Le jeune homme de 28 ans payait alors le lourd tribut de son engagement avec Armata Corsa, groupe armé dissident du FLNC. Une vie violente s’inspire librement de cette réalité : baptisé Stéphane et affublé de lunettes, le héros est lui aussi un étudiant issu de la bourgeoisie dont personne ne subodore le basculement sanglant. De Peretti retrace sa trajectoire fragmentée dans une fresque en forme de long flashback. La brutalité surgit très rapidement avec une scène d’exécution. Glaçant comme une vidéo trouvée sur Internet, le plan-séquence va hanter le reste du film, sans que De Peretti n’ait besoin d’en rajouter dans le spectaculaire. Le réalisateur lui préfère la violence sourde, elliptique, abstraite, larvée dans un quotidien anti-pittoresque mais désarmant de naturel (le casting est surtout composé d’acteurs amateurs). Le récit progresse ainsi par blocs de séquences dialoguées. Avare en nombre de plans mais généreux en débats houleux, il capte ces assemblées souvent clandestines à distance, en d’étouffants tableaux. On peut ainsi s’aventurer - et parfois se perdre - dans la bouillonnante parole en action, qu’elle soit d’obédience politique, mafieuse, intime. Ou tout cela à la fois : c’est l’incroyable réunion entre mères de nationalistes, pleine de fatalisme et de non-dits. De ce minimalisme brut émane une complexité historique organique, à l’éloquence documentaire, conférant au film de gangster attendu son vibrant négatif.