Mulan
Disney Enterprises, Inc.

Nathanaël Karmitz en veut notamment à Disney…

Alors que le Congrès de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF) se tient ces jours-ci, Le Film Français s’est longuement entretenu avec Nathanaël Karmitz, président du réseau MK2. L’occasion de faire un bilan sur la réouverture des cinémas, marquée par l’absence des blockbusters américains, et l’avenir de la profession. 

Côté chiffres, le fils de Marin Karmitz tente de se rassurer en regardant ce qu’il se passe en Espagne, où MK2 est implanté depuis 2014, qui a enregistré une baisse de 98% d’entrées en salle au début de l’été, pour terminer à -70% à la fin du mois d’août. En France, "nous avons senti une envie de cinéma réelle et très forte de la part des spectateurs, freinée toutefois par un problème d’offre majeur du côté des blockbusters, comme Tenet l’a confirmé", explique Nathanaël Karmitz. "Avant sa sortie, nos salles affichaient une baisse de fréquentation avoisinant les 50%."

Nathanaël Karmitz se veut "encourageant", et assure qu’en "France lorsque les films sont là, les spectateurs aussi." Le problème étant que Tenet s’est retrouvé trop seul pour "sauver le cinéma". De fait, si les salles ont bien réouvert cet été, les distributeurs n’ont pas tous joué le jeu, ou pris le même risque que Warner Bros. avec le blockbuster de Christopher Nolan qui réalise un très bon score en France. Une frilosité que le président de MK2 dénonce, sans toutefois mettre tout le monde dans le même panier :  

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"Il y a deux contextes différents. D’un côté, par exemple celui de Pinocchio où, au regard des frais engagés et du caractère exceptionnel de la situation, c’était surement la meilleure décision à prendre pour son distributeur (Le Pacte, Ndlr). De l’autre, nous avons vécu de grandes trahisons de la part des studios. Après avoir incité les salles à ouvrir pour accueillir Mulan (basculé sur Disney+, Ndlr), Disney a ainsi profité de la situation pour son seul et unique intérêt au détriment de tous ses partenaires, en particulier en France en choisissant une mise en ligne en décembre sans frais supplémentaire. C’est une provocation inacceptable vis-à-vis des exploitants. Dans une industrie où nous sommes tous interdépendants, ces coups de canif sont dangereux pour l’avenir et se payeront pour tout le monde, exploitants comme studios. Pour autant, je suis d’un optimisme réel et convaincu de l’avenir des salles, qui ont déjà survécu à de nombreuses crises."

On se souvient qu’au mois d’août un exploitant avait fait le buzz en détruisant une PLV de Mulan suite à l’annonce de la sortie du film directement sur Disney +. La colère n'est pas donc pas totalement retombée de leur côté, et ce ne sont pas les dernières annonces en provenance des Etats-Unis qui vont l'apaiser. 

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