Affiches Sorties de la semaine du 5 novembre 2025
The Walt Disney Company France/ Le Pacte/ StudioCanal

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
PREDATOR : BADLANDS ★★☆☆☆

De Dan Trachtenberg

L’essentiel

Après Prey et Killer of Killers, le réalisateur Dan Trachtenberg continue de faire joujou avec la mythologie Predator, dans un film plutôt inconséquent mais amusant.

En propulsant il y a 3 ans dans Prey le prédateur venu de l’espace en plein territoire Comanche du 18ème siècle, Dan Trachtenberg a su réinjecter un peu de sang neuf dans la saga Predator à laquelle plus grand monde ne croyait. Il a enchainé l’été dernier avec l’animé Predator : Killer of Killers et ramène aujourd’hui le chasseur E.T. au look rasta sur grand écran avec ce Predator : Badlands, dont tout le concept tient dans une inversion de perspective façon Maléfique : et si l’antagoniste des précédents volets devenait le héros du film ? Et si on voyait le monde à travers ses yeux et ses sentiments ?

Badlands est une histoire de proie et de chasseur, mais où les positions des différents protagonistes sont reconfigurées en permanence. Et où, surtout, Trachtenberg s’amuse à agrandir les contours de la mythologie Predator, C’est la meilleure partie du film, le plaisir presque enfantin que prend le réalisateur à fabriquer son petit monde, dessiner son univers, quitte à colorier en-dehors des traits. Une qualité qui est aussi l’évidente limite de Badlands, Trachtenberg ayant tendance à brasser un peu trop large, embrassant des références en pagaille, de Star Wars à Avatar en passant par Conan le barbare et les derniers Planète des Singes. On reste à des années-lumière de l’épure viscérale, primitive, du McTiernan. 

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA VAGUE ★★★★☆

De Sebastian Lelio

Julia est étudiante en musique, et elle plonge tête la première dans la révolte féministe quand des rumeurs d'abus secouent sa fac. Mais à mesure que la lutte se structure, elle revit un épisode confus avec l'assistant de son prof de chant. Qu’a-t-elle vraiment vécu après la boite de nuit ? Faut-il tout dire, tout de suite ? Dénoncer publiquement ou jouer le jeu des procédures ? La vague qui portait Julia est en train de l’avaler. Et le campus devient un ring où l'intime fracasse le collectif. La Vague est un vrai film politique. Mais Sebatian Lelio n’assène rien. Il tresse les contradictions, ralentit quand la colère accélère, écoute quand la foule rugit, distribue la parole (ou les airs). Transformer un soulèvement étudiant en comédie musicale ressemble à un pari fou, mais il est totalement réussi. Le metteur en scène de Gloria Bell ne fait pas dans le décoratif et ses chorégraphies sont d’abord des manifestes; ses refrains portent des démonstrations et ses zooms dissèquent des rapports de force. S’il utilise des archétypes c’est pour mieux faire tenir dans un même cadre la cacophonie des positions. Et l’énergie démente qui porte l’ensemble rafle tout.

Gaël Golhen

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L’INCONNU DE LA GRANDE ARCHE ★★★★☆

De Stéphane Demoustier

Un gros cube transpercé de vide dans lequel se lit la perspective parisienne très napoléonienne qui passe par l’Arc de Triomphe et regarde l’Obélisque de la place de la Concorde. Ce gros cube sis dans le quartier d’affaires de La Défense est tout à la fois l’œuvre de son créateur, « l’inconnu » Johan Otto von Spreckelsen, Danois de 53 ans et de son instigateur, le président-roi François Mitterrand alors à l’aube de son premier septennat. Stéphane Demoustier joue de ce constant rapport de forces entre les êtres et les choses. Les monuments ont forcément des choses à nous dire sur le monde et les hommes qui les ont vu naître. A l’instar de son Brutalist qui voyait Brady Corbet se mettre au diapason de son héros angoissé pour sortir de terre et matérialiser un gigantesque trauma, Stéphane Demoustier, certes plus en retenu mais tout aussi Sisyphe, braque sa caméra sur cet « inconnu » soucieux de dompter le vide. Et de ce vertige naît le tragique.

Thomas Baurez

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DEUX PROCUREURS ★★★★☆

De Sergei Loznitsa

L’ukrainien Sergei Loznitsa dépeint dans Deux Procureurs le périple kafkaïen d’un jeune procureur de la ville de Briansk, au sud-ouest de Moscou. On est en 1937, au sommet de la terreur soviétique, et ce bolchévique idéaliste va peu à peu prendre conscience de la réalité des purges staliniennes, en voulant défendre un prisonnier politique qui est miraculeusement parvenu à lui envoyer un message de détresse, rédigé en lettres de sang. Format carré, plans fixes, couleurs ternes, le film est un voyage au ralenti, au cours duquel le protagoniste s’enfonce progressivement dans les entrailles de la machine totalitaire. La simplicité de la fable pourra surprendre, venant d’un cinéaste qui nous a habitués à des dispositifs plus complexes. Mais la force du film réside justement dans cette frontalité, cette sensation de mauvais rêve qui s’insinue lentement, et dont Loznitsa nous dit que, loin d’être circonscrit au passé, il menace toujours de revenir nous hanter.

Frédéric Foubert

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DUEL A MONTE- CAROLO DEL NORTE ★★★★☆

De Bill Plympton

Bill Plympton, maître vénéré d’un cinéma d’animation trash et crayonné qui ne ressemble à aucun autre (L’Impitoyable lune de miel !, Les Mutants de l’espace…), s’essaye au western. Duel à Monte-Carlo del Norte raconte l’affrontement, dans une petite ville forestière, entre un mystérieux cow-boy guitariste et un maire corrompu, qui veut raser les baraques des pêcheurs pour construire un hôtel de luxe. Le justicier énigmatique à la Pale Rider va recevoir l’aide de Delilah, l’entraîneuse du saloon, ainsi que de Hellbug, la grosse bestiole des enfers… L’esthétique tend vers le film noir, mais ne vise pas l’épure pour autant, le cartoon étant saturé de gags outranciers, de chansons en pagaille et d’idées graphiques azimutées. Très bon complément de programme au récent Eddington, ce western satirique, rock et écolo, est tellement fun et accueillant qu’il pourrait bien permettre à Plympton, qui sait ?, d’élargir le cercle de ses admirateurs.

Frédéric Foubert

LE CINQUIEME PLAN DE LA JETEE ★★★★☆

De Dominique Cabrera

La Jetée, 1962, monument cinématographique de Chris Marker. Le film composé d’images arrêtées plonge un homme dans des failles spatio-temporelles faisant de lui le témoin de sa propre mort sur la jetée d’Orly. Que montre au juste ce « cinquième plan » qui donne son titre à ce documentaire ? Une vue de dos en noir en blanc d’un couple avec enfant accroché à la barrière face aux pistes d’atterrissage. Un cousin de Dominique Cabrera est persuadé s’être reconnu dans le bambin du cliché. C’est l’occasion pour la cinéaste de sonder sa propre histoire familiale et le douloureux retour à Paris de français d’Algérie. Au-dessus de ce passionnant exercice réalisé avec une intelligence rare plane bien sûr « l’ombre » Marker dont Cabrera assume se « mettre ses pas » et lui permet d’explorer la puissance miraculeuse d’un cinéma qui fixe le temps pour en révéler l’irréversible fuite en avant. Une expérience puissante.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

T’AS PAS CHANGE ★★☆☆☆

De Jérôme Commandeur

Le deuxième long en solo de Jérôme Commandeur résonne avec les récents Partir un jour, Connemara et Adieu Jean- Pat, qui comme lui ont raconté le retour, plus ou moins à marche forcée, de personnages sur les terres de leur enfance. Ici, on suit quatre ex lycéens qui après la mort de l’un de leurs camarades, décident, 30 ans après leur bac, de réunir toute leur promo à l’occasion d’une fête. L’humeur est ici à la comédie émouvante. Et le plaisir qu’a Commandeur à raconter cette histoire avec la bande de comédiens qu’il a réunis autour de lui (Lafitte en chanteur ringard, Vanessa Paradis hilarante car n’hésitant jamais à forcer le trait, Damiens) est indéniablement contagieux. Mais il y a dans l'écriture quelque chose qui coince. Un manque de fluidité dans l’enchaînement des scènes qui empêche l’émotion ambitionnée de naître sans pour autant laisser la place à l’humour – si irrésistible – de Commandeur de se développer, sauf dans certaines répliques saillantes. Mais c’est trop peu.

Thierry Cheze

LES BRAISES ★★☆☆☆

De Thomas Kruithof

Le temps long du cinéma complexifie tout quand on entend s’emparer d’un phénomène comme les Gilets Jaunes. Car étant acquis qu’on arrivera longtemps après la bataille (et les films qui l’ont traité, donc le remarquable Boum Boum de Laurie Lassalle), ça oblige à trouver un axe inédit que seul pouvait apporter le recul. Thomas Kruithof (dont La Mécanique de l’ombre et Les Promesses témoignent de l’appétence pour les sujets sociétaux) a choisi de raconter un couple – elle ouvrière, lui, chauffeur routier et petit entrepreneur – percuté par leur manière différente de vivre le mouvement. Et malgré une capacité à ne jamais tomber dans le manichéisme, le film peine à imprimer. A cause de soucis d’écriture dans la relation de ce couple qu’on nous présente comme trop unis pour ne pas davantage résister aux soubresauts sans aller jusqu’à la rupture. Mais surtout car Les Braises bégaie avec tout ce qu’on a déjà vu sur les Gilets Jaunes. Dans l’intime comme le politique, on reste sur sa faim.

Thierry Cheze

GRAFTED ★★☆☆☆

De Sasha Rainbow

Après Together, Else ou The Ugly Stepsister, la tendance body horror ne faiblit pas avec Grafted, qui raconte l’emménagement compliqué d’une jeune étudiante chinoise en Nouvelle-Zélande. Wei, complexée par une tâche de naissance sur son visage, moquée par ses copines d’amphi, va tenter de mener à bien les recherches de son père, un scientifique tué par ses propres expérimentations autour d’une greffe de peau révolutionnaire… C’est Lolita malgré moi à la sauce néo-cronenbergienne, un mix entre The Substance, Les Yeux sans visage et Jennifer’s Body, dans un style clippesque, tendance électro-fluo. Pourquoi pas, mais la réalisatrice Sasha Rainbow est tellement concentrée à s’amuser avec les archétypes et les références qu’elle en oublie de dessiner des personnages convaincants et de donner une quelconque cohérence narrative à ses élucubrations scientifiques. Un peu de style, donc, mais quasiment aucune, euh… substance.

Frédéric Foubert

THE CORD OF LIFE ★★☆☆☆

De Qiaop Sixue

Un musicien chinois qui revient sur sa terre natale, un side-car qui l’emmène sous les cieux immenses des steppes mongoles… Plusieurs motifs de The Cord of Life font écho à l’excellent Black Dog, sorti en début d’année. Mais là où le film de Hu Guan jouait la carte du néo-western mutique, celui de la jeune cinéaste Sixue Qiao tient du drame familial délicat. Le récit s’attache à Alus, compositeur hipster, qui quitte la grande ville pour partir avec sa mère, malade d’Alzheimer, à la recherche d’un arbre mythique. Il s’agit de se reconnecter à ses racines, à son passé, le thème se déclinant allégoriquement (via la « corde de vie » qui lie les protagonistes) autant que musicalement (mélange de sonorités électroniques et d’instruments traditionnels). Si cette histoire se déroulait dans une région rurale des Etats-Unis, on parlerait de « film Sundance », tant The Cord of Life utilise pas mal de clichés du ciné indé. Le voyage est joli, donc, mais pas complètement dépaysant.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

FRANCE, UNE HISTOIRE D’AMOUR ★☆☆☆☆

De Michael Pitiot et Yann Arthus- Bertrand

Voilà encore une nouvelle preuve que les meilleures intentions du monde ne suffisent pas à faire un grand film. Après des années passées à observer le monde vu d’en haut, Yann Arthus- Bertrand part ici sillonner la France, des quartiers Nord de Marseille aux plages de Calais pour photographier et donner la parole à des femmes et des hommes peu habitués à être sous le feu des projecteurs. Et si son documentaire entend célébrer l’humanité et la fraternité, il souffre de la comparaison avec Les Habitants de Raymond Depardon ou Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion. Car contrairement aux réalisateurs de ces deux films, Yann Arthus- Bertrand prend ici trop de place pour pas grand chose et par ricochet paraît écouter et surtout regarder moins bien ses interlocuteurs. Et sauf à être un inconditionnel absolu de sa personne, France, une histoire d’amour trouve vite ses limites.

Thierry Cheze

 

Et aussi                                                                                                                    

Nuit obscure : Ain’t I a child, Au revoir ici, n’importe où et Feuillets sauvages, de Sylvain George

Le Roi des rois, de Seong- ho Yang           

Les reprises

Adama, de Simon Rouby

Le Solitaire, de Michael Mann