Un film à sketches traitant des dérives de notre quotidien ultra-connecté. Piquant, rythmé et savoureux.
On pouvait redouter qu’une comédie sur le sujet de nos vies 2.0 soit aussi futile qu’un filtre Snapchat. Il n’en est rien. Selfie est une vraie bonne surprise. Composé de cinq histoires différentes, écrites chacune pour un cinéaste différent, le film voit s’entrecroiser les destins de fous des réseaux sociaux et autres pratiques numériques. Les histoires se répondent, les personnages reviennent d’une histoire à l’autre et sortent le film à sketches de son aspect découpé. Il y a une véritable attention portée à l’écriture (qu’on doit à Julien Sibony, Giulio Callegari, Noé Debré, Hélène Lombard et Bertrand Soulier) ; les situations poussent les curseurs à fond et les dialogues se révèlent souvent savoureux. Thomas Bidegain ouvre le film avec un couple de parents (Blanche Gardin, caustique, et Maxence Tual des Chiens de Navarre) qui tient avec une ferveur dérangeante le blog de leur enfant malade. D’emblée, le ton est donné, les tabous sont brisés. Marc Fitoussi enchaîne avec Le Troll, une parodie de comédie romantique très réussie interprétée par Elsa Zylberstein et Max Boublil. Tristan Aurouet aborde avec 2,6/5 la question de la note sur les applis de rencontre. Un fragment très réaliste où Finnegan Oldfield se révèle très convaincant. Cyril Gelblat fait de Manu Payet un acheteur compulsif dans une comédie qui va crescendo et Vianney Lebasque a la tâche difficile de brasser les protagonistes dans un final délirant. Un seul regret : ça aurait pu aller encore plus loin !
Selfie, en salles le 15 janvier 2020.
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