Stephen Lang Avatar 2
Disney

Incarnation ultime du salopard, prédateur fou et tueur de Na’vis sans remords, le colonel Quaritch est de retour dans Avatar : La Voie de l'eau. Mais cette fois, Stephen Lang enfile le costume des hommes en bleu. Pour mieux les massacrer ?

Première : Qu’est-ce qui se passe dans votre esprit au moment où vous comprenez qu’Avatar aura enfin une suite ?
Stephen Lang
 : Oh boy. Je savais que Quaritch allait revenir, parce que James [Cameron] me l’avait annoncé. Mais il n’avait rien précisé ! Je me suis dit que c’était soit un flash-back, soit un préquel. Peut-être un focus sur la Terre, lié d’une façon ou d’une autre à la RDA, avant les événements du premier Avatar… En fait je n’en savais rien du tout, j’étais dans le noir complet. Et puis un soir, lors d’un dîner à Malibu, il commence à me détailler toute l’histoire. Je l’écoute sagement, et là je comprends que mon rôle pourrait bien être aussi central que dans le premier film… Le choc ! Et quand j’ai enfin pu lire le scénario de La Voie de l’eau, c’était aussi cool que de découvrir celui de l’original. J’étais sûr de ne jamais retrouver cette sensation, la certitude d’avoir reçu le meilleur rôle du film. C’est sûrement ce qui fait que je suis efficace en Quaritch. Mais bon, j’imagine que Sam Worthington se dit la même chose pour Jake Sully ! En tout cas, c’est toujours bon signe d’avoir l’impression qu’on est au cœur du projet. Et le miracle, c’est que dans Avatar 2, 3, 4 et 5, Quaritch ne cesse de prendre de l’ampleur et de la profondeur. Le personnage n’avance plus en ligne droite comme dans le premier Avatar.

C’est-à-dire ?
Il y a des choses que je ne vous dirai pas. Si je commence à rentrer dans le détail… C’est la boîte de Pandore, sans mauvais jeu de mots ! En tout cas, sa mission est on ne peut plus claire : éliminer l’insurrection sur Pandora qui menace la RDA. Ils reviennent, mais ils n’ont rien appris, contrairement à mon personnage : si dix tonnes de bombes n’ont pas fait le boulot la première fois, alors ils se pointent avec vingt tonnes. (Rires.) Quaritch a un côté franc-tireur ; il fait les choses à sa façon. Donc il va se la jouer solo et cela va affecter la relation entre Quaritch et Sully, Quaritch et les Na’vis, mais aussi Quaritch et la RDA. J’adore la tension que ça génère.

Quaritch hérite d’un corps de Na’vi dans cette suite, ce qui explique son retour. On imagine que la motion capture doit quand même pas mal changer votre performance du point de vue physique.
Oui, dans l’original, c’était moi en live action pratiquement tout le temps, sauf à la fin quand je porte l’AMP et que je me bats avec Jake. Là, je dois TOUT jouer en performance capture, sur terre comme dans l’eau. C’est fascinant et épuisant. Tu ne dois faire qu’un avec l’attirail : la combinaison et le casque font partie de toi, et donc tu l’incorpores au personnage. Pas le choix, ça devient presque normal en fait. Mais le plus dur, ce fut de rester sous l’eau pendant très longtemps. On s’est entraîné avec les meilleurs plongeurs du monde, des mecs qui te poussent au bout du bout de tes capacités, mais qui font toujours en sorte que tu sois en sécurité. Le casting est devenu plutôt bon à ce petit jeu, mais certains étaient meilleurs que d’autres. En l’occurrence, Kate Winslet doit être à moitié sirène, il n’y a pas d’autre explication ! (Rires.) Mais c’est pas mal de galérer, parce Quaritch n’est pas un personnage « d’eau ». Et quand il s’y retrouve, il préfère s’en barrer au plus vite. Dans plein de scènes, j’essaie juste de me tirer et de revenir sur la terre ferme !

Mais ce changement de corps, ça doit bien avoir un impact sur la façon dont vous bougez ?
Complètement. Je suis une meilleure version de moi-même, bigger, bluer. Mais Quaritch sera toujours Quaritch, qu’il soit humain ou qu’il fasse 3,5 mètres de haut. Il faut qu’on trouve des points communs dans sa façon de bouger. En fait, ça se joue plus au niveau psychologique – ce qui a tout de même un impact sur ses mouvements. Pour reprendre ce que je vous disais tout à l’heure, Quaritch avançait en ligne droite et à angles droits, métaphoriquement et littéralement. Et c’est en partie pourquoi il a été battu. Le monde de Pandora n’est pas carré, il est fait de courbes, il est fluide, il change tout le temps. Pour espérer s’y intégrer, il faut s’adapter. Mon personnage est capable de le faire, sans pour autant sacrifier totalement qui il était et ce qui faisait aussi sa force. C’est toujours un type dogmatique, un peu rigide, mais il parvient à intégrer la flexibilité qu’exige Pandora. Et ça fait de lui un meilleur ennemi qu’avant.

Peu de films ont utilisé la 3D comme Avatar, Cameron ayant mieux compris que les autres comment s’en servir. Sur le tournage, sa minutie peut-elle donner lieu à des complications pour les acteurs ?
Parfois, oui. Il peut y avoir de pures exigences techniques. Et ce qui se passe dans ces moments-là, c’est que Jim crie « CUT ! », et il a une discussion de 20 minutes à deux heures avec l’équipe technique pour solutionner le problème (Rires.) Après, pour moi, acteur, ça ne change pas grand-chose : « Il faut que je me mette là plutôt qu’ici pour que la 3D rende bien ? OK, faisons ça. » Sauf qu’avec Cameron, la 3D n’est pas qu’un autre outil de réalisateur. Personne n’a compris comme lui ses possibilités. On a vu pas mal de films qui s’en servent pour surprendre le spectateur, lui balancer des objets au visage. Bien sûr, il y a aussi ça dans Avatar, mais Jim se focalise sur l’immersion, c’est toute la différence. Il dit au public : « Venez. Entrez dans ce monde. » C’est une invitation.

Avatar, c’était il y a treize ans. Vous vous êtes questionné sur la capacité de James Cameron à reproduire l’effet de sidération si longtemps après ?
C’est presque une expression toute faite : « Ne jamais parier contre James Cameron » ! Et on le comprend dès la lecture de ses scénarios, qu’il écrit comme des romans. Ça m’a scié en découvrant celui du premier Avatar. C’est-à-dire qu’il n’écrivait pas : « Il y a une course-poursuite ». Il prenait trois pages pour raconter ce qui se passait ! Le film avait exactement - avec quelques changements, évidemment - la même densité et la même précision. À partir de là, je n’ai plus jamais eu aucun doute sur James Cameron. Est-ce qu’il allait réussir à reproduire ça pour la suite ? Évidemment. C’est quelqu’un qui va piocher dans les ressources de tout le monde : des scientifiques, des ingénieurs, des animateurs, des médecins, des jardiniers, des linguistes… Il absorbe tout, et ça donne le monde de Pandora. Ma foi en lui n’a fait que grandir au fil des années.

Avatar : La Voie de l'eau sortira au cinéma en France le 14 décembre. Bande-annonce :