La franchise Star Wars est-elle déjà fatiguée ?
Solo : A Star Wars Story vient de sortir aux Etats-Unis et son démarrage est décevant, c'est le moins qu'on puisse dire. Avec 103 millions de dollars sur quatre jours (y compris le jour férié du Memorial Day), Solo réalise le moins bon démarrage de tous les films Star Wars sortis sous l'égide de Disney. Le Réveil de la Force, Rogue One, Les Derniers Jedi : les films Disney Star Wars ont démarré entre 155 et 247 millions de dollars et ont tous fini milliardaires sur la planète. Et en tenant compte de l'inflation, Solo réalise même le pire démarrage de tous les films de la saga Star Wars en live action. Car seul le film d'animation Star Wars : Clone Wars a fait moins bien (14,6 millions de dollars lors de son démarrage en août 2008). En France, c'est aussi le moins bon démarrage des Star Wars. En tout, hors des Etats-Unis, Solo récolte péniblement 69,6 millions de dollars. Bref, ça s'annonce mal pour Solo. Un Star Wars qui cafouille au décollage comme le Faucon Millénium quand il tente de passer en vitesse lumière. Comment est-ce possible ?
La saga Star Wars au box-office
Il y a clairement une question de timing. D'abord, la présence toujours importante de Deadpool 2 et d'Avengers : Infinity War dans les salles américaines a certainement contribué à siphonner les recettes de Solo. Ensuite, les trois premiers Star Wars de Disney sont sortis à un an d'écart, clairement pensés comme des événements marquants de l'année cinéma. Solo est sorti cinq mois et demi seulement après Les Derniers Jedi, qui a été accueilli diversement par les fans de Star Wars, et essaient encore d'encaisser les choix audacieux commis par le réalisateur Rian Johnson. Solo, pur film dérivé, prequel et spin-off à la fois, n'est pas aussi sérialisé qu'un épisode du Marvel Cinematic Universe, où les films existent comme des épisodes de série, et sortent à quelques mois d'intervalle les uns des autres. Solo n'a clairement pas les dimensions mythologiques surpuissantes d'un épisode "numéroté" de Star Wars, ou d'un Rogue One qui se connectait facilement avec le premier Star Wars via les figures de l'Etoile de la mort et Dark Vador. En l'état, Star Wars n'est pas le MCU ; Solo n'est pas Captain America ou un autre personnage qui a besoin d'être présenté au public. Et, même si on parle toujours de la fin des stars à Hollywood, peut-être qu'un nom connu aurait également rassuré : Solo n'a pas de star sur son affiche.
Solo : A Star Wars Story, la critique sans spoiler
Est-ce une question d'accueil critique ? Clairement, non. Les critiques américaines ont été finalement assez bienveillantes, et de toutes façons un mauvais accueil critique n'est pas forcément synonyme de flop (Suicide Squad, complètement éreinté par la critique quelques jours avant sa sortie, a connu un démarrage à 133 millions de dollars). Cependant, il y a eu clairement une avarie médiatique : les problèmes de production de Solo ont été médiatisés très tôt, avec le licenciement des réalisateurs Phil Lord et Chris Miller (La Grande aventure Lego) au profit du vétéran Ron Howard. Rogue One a connu, en post-production, des problèmes similaires (Dan Gilroy a effectué d'importants reshoots du travail de Gareth Edwards), mais Disney avait réussi à les cacher sous le tapis pendant la majeure partie de la promotion du film. Solo a finalement été réduit à son problème de réalisateur. Ce qui rappelle aussi le problème de Justice League, blockbuster sorti dans l'urgence, mal produit, où Joss Whedon avait dû remplacer Zack Snyder pour terminer le film. On avait fini par plus parler du "problème Whedon" que du film lui-même. Sans être au niveau de la catastrophe industrielle du film de superhéros DC, Solo a finalement démarré dans les mêmes proportions que Justice League (93,8 millions de dollars en trois jours en novembre dernier).
Finalement, le mauvais démarrage de Solo au box-office ne peut s'expliquer autrement que par un problème d'envie. Le public n'a tout simplement pas eu envie d'aller voir Solo. Vous pouvez avoir la meilleure machine marketing du monde, avoir la meilleure franchise du monde, si vous n'arrivez pas à allumer l'étincelle de l'envie -insaississable et indéfinissable par nature-, rien à faire. La preuve. Au fond, la bonne nouvelle, c'est Ron Howard, universellement reconnu comme un good guy d'Hollywood (il a été applaudi par les équipes de Solo en arrivant sur le plateau), qui le rappelle sur son compte Twitter : même si Solo n'a pas atteint les objectifs de Disney, le film a effectué le meilleur démarrage au box-office de toute la carrière du réalisateur de Willow.
Bande-annonce de Solo : A Star Wars Story, actuellement en salles :
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