Et vous, que feriez-vous si vous étiez condamnés à l'enfer ?
Une apparition un jour banal. Un grand visage blanc, qui vous désigne et vous donne votre date de mort précise avec ce dernier commandement : "Tu es voué.e à l'enfer." Tel est le point de départ de Hellbound, la nouvelle série événement de Netflix disponible à partir d'aujourd'hui sur la plateforme.
Surfant sur la vague du succès de Squid Game, qu'on ne présente évidemment plus, Netflix se lance dans la production d'une nouvelle série au ton tout aussi dramatique mais avec un pitch complètement différent. Cette fois-ci, pas question d'un jeu malsain et d'épreuves, le sujet est de savoir : Quand vais-je mourir ? Et est-ce que je finirai en enfer ?
Squid Game est officiellement la plus grosse série de l'histoire de NetflixPrésentée au Festival international du film de Toronto le mois dernier, une première pour un drama coréen, la série Hellbound est portée par Yoo Ah-in, Park Jeong-min, Kim Hyun-joo et Won Jin-ah. Réalisée par le cinéaste derrière Dernier train pour Busan, Yeon Sang-ho, l'intrigue de la série est tirée d'une webtoon du même nom, et se concentre sur des monstres inconnus et incontrôlables venus de l'enfer pour chercher sur Terre les âmes condamnées. Ressemblant presque à des gorilles, ces êtres surnaturels sont d'une violence inouïe envers ceux qu'ils viennent tuer, brûlant à chaque fois les condamnés à la fin de l'exécution. Profitant de la discorde qu'ils entraînent, et du mystère qui les entoure, le groupe religieux de la Nouvelle Vérité gagne en puissance en affirmant que Dieu est venu rendre son jugement. Au milieu de cette religion, qui est une véritable secte, le gourou Jeong Jin-soo, personnage très intriguant de par son ambiguïté. Alors que des policiers mènent l'enquête sur ces condamnations étranges, religieux et rationnels seront confrontés pour savoir qui a raison et qui a tort.
La bande-annonce :
Subtil mélange entre Death Note et Black Mirror, Hellbound se présente comme une série qui fait peur. Avec son intrigue tournant autour de l'humanité et de ses péchés, chaque citoyen se retrouve avec une épée de Damoclès de lui qui menace de lui tomber dessus à chaque instant. Face à cela, pas étonnant que l'humanité pète un câble, et se délecte dans la violence. Délation, exécution publique, meurtre au premier degré... Tout est permis dans la série, la violence est reine alors que le péché devrait museler tous les personnages. Dans les trois premiers épisodes, les noeuds de l'histoire sont rapidement présentés avant que le coeur de la série ne surgisse. Car là où Squid Game dénonçait le capitalisme (une critique bien présente au sein de la société coréenne), Hellbound choisit de dénoncer l'extrémisme des religions, la pensée de masse et surtout les médias.
Pas un seul sujet, mais bien plusieurs qui se découpent dans les trois premiers épisodes, amenant à une intrigue emmêlée où les enjeux se perdent. Là où Hellbound avait du potentiel, c'était en tournant uniquement autour de ces entités surnaturelles apparaissant n'importe où pour recourir à des exécutions. Au contraire, la série se met petit à petit à se concentrer sur ses personnages, qui n'ont pas de lien apparent mais semblent évoluer ensemble, créant des situations d'une extrême violence parfois pour presque rien. Un sacré cafouillage, qui perd vite le spectateur.
Malgré tout, les sensations sont là. On est pris de terreur en voyant arriver les monstres, notamment au tout début du premier épisode. On a peur aussi en voyant arriver les humains au fur et à mesure : sont-ils fanatiques ou cherchent-ils simplement la violence ? Peut-être que ce qui peut sauver Hellbound et la distinguer d'une banale série fantastique réside dans cette peur : et si, finalement, Yeon Sang-ho souhaitait nous faire comprendre que l'enfer et le péché ne sont que des constructions humaines, et que la véritable violence n'est pas à chercher dans la religion mais bien dans les vices de la société ? Si Hellbound prend cette direction, on dit oui. Sinon, c'est non.
Les six épisodes de Hellbound sont disponibles en intégralité sur Netflix.
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