Quelques jours après le final de la série HBO, on fait le bilan.
Meilleure adaptation d'un jeu vidéo à l'écran (ok, ce n'était pas compliqué), The Last of Us s'est aussi déjà imposée comme une des séries les plus intéressantes et captivantes de ces dernières années, perpétuant la tradition et le label de qualité de HBO, qui résiste brillamment à la concurrence des streamers. Voici notre bilan de cette saison 1 aussi réjouissante que pleine de promesses pour la suite, à laquelle on a quand même réussi à trouver quelques défauts. En cherchant bien...
Les tops
Le duo Bella Ramsey et Pedro Pascal
Qui se souvient de l’accueil glacial des fans à l’annonce du casting de Pedro Pascal et Bella Ramsey pour incarner Joel et Ellie ? Deux ans plus tard, et malgré quelques voix qui pestent encore sur le choix de Ramsey, le public s’est majoritairement incliné face à la prestation du duo. Une véritable alchimie s’est créée entre les deux anciens de Game of Thrones, elle se voit à l’écran et le téléspectateur y croit fort dans son canapé. La relation Joel / Ellie, construite au fil des épisodes, porte la série sur ses épaules et nous offre plusieurs séquences déchirantes, comme lorsqu’ils se retrouvent à la fin de l’épisode 8, mais aussi des beaux moments de complicité et d'humour.
Celui qui ne craque pas devant la featurette HBO où Pedro Pascal déclare son amour à Bella Ramsey est un Clicker !
Baby girl Bellie. @bellaramsey #TLOU pic.twitter.com/aGhhOTQMFG
— HBO Max (@hbomax) March 6, 2023
Les flash back émouvants
On a déjà tout dit sur l’épisode 3 de The Last of Us, "Long Long Time" ("Longtemps…" en VF), moment de grâce au coeur de l’apocalypse, porté par la magnifique interprétation de Nick Offerman et Murray Bartlett. Mais, à l’heure de bilan, il faut bien le répéter : c’est un des plus beaux moments de télévision qu’on ait vu ces dernières années. Sans doute depuis The Leftovers. Comme la série de Damon Lindelof, celle de Craig Mazin et Neill Druckman sait prendre des pauses avec l’intrigue principale, notamment pour nous plonger dans le passé. L’épisode 7, "Left Behind" ("Abandonner" en VF), qui nous raconte la nuit au centre commercial d’Ellie et sa meilleure "amie" Riley, est un autre modèle de flashback.
La mise en scène haut de gamme
Le jeu faisait partie de ces jeux - désolé pour le cliché - cinématographiques, tirant notamment son inspiration des plans-séquences des Fils de l’homme d’Alfonso Cuarón. Il fallait que la série soit à la hauteur. Justement, une des très chouettes idées de la série : avoir recruté notamment des jeunes réals issus de l’univers du cinéma d’auteur, afin de mettre de la mise en scène dans The Last of Us - qualité HBO oblige. Citons Liza Johnson (Elvis & Nixon), Jasmila Žbanić (rattrapez d’urgence La Voix d’Aïda, étouffant drame de guerre pré-apo) et enfin Ali Abbasi (Border, Les Nuits de Mashhad), chargé de tourner les deux derniers épisodes de la série… Le jeune cinéaste russe Kantemir Balagov, remarqué à Cannes pour Une grande fille, a même tourné une bonne partie du premier épisode situé en 2003 avant de se barrer de la série. D’après lui, il reste "40%" de son travail dans le résultat final - dont le fameux passage du crash d’avion qui doit beaucoup aux Fils de l’homme. La boucle est bouclée.
Les personnages secondaires doux-amers
Dans The Last of Us, mieux vaut ne s'attacher à personne. La série est sans pitié avec ses personnages secondaires. Nuancés, à l’écriture particulièrement brillante, les protagonistes qui entourent nos deux "héros" finissent tous par perdre la vie, d’une manière ou d’une autre. Et ça marche. Que ce soit ceux à qui l’on s’attache (Tess, la partenaire de Joel, Riley, la meilleure amie d’Ellie, Bill et Frank...) ou ceux que l’on aime détester (Kathleen, reine de la rébellion, David et sa secte cannibale, Marlene à la tête du clan des Lucioles), tous semblent de passage sur le chemin de Joel et Ellie, comme pour leur donner une pièce du puzzle, un aperçu d’une humanité meurtrie par l’apocalypse, pour aussitôt disparaitre. Mention spéciale à Henri et Sam, les deux frères dont la fin violente mais étrangement poétique nous offre un des moments les plus marquants de la série. Le cordyceps a autant d'impact sur les survivants que sur les infectés eux-mêmes, et c’est bien là que réside la morale de l’histoire.
Les choix d’adaptation
"Parfois je voulais vraiment dupliquer ce qui se passait dans le jeu, et à d’autres moments je m’autorisais des pas de côté", nous disait dernièrement Craig Mazin, alors qu’on l’interrogeait sur le fameux épisode 3. Dès le départ, la scène d’ouverture, qui se déroule durant un talk show de 1968 où l’on débat sur les virus et les champignons, est absente du jeu. Pour mieux ancrer immédiatement la série dans une forme de réalité scientifique. Une quête de crédibilité qui a aussi eu raison des spores ("L’infection serait allée encore plus vite et les acteurs auraient dû porter des masques tout le temps !"). Autres modifications : Joel a pour but de retrouver son frère (et non plus seulement de transporter Ellie à l’autre bout du pays), les infectés par le cordyceps peuvent communiquer à travers le sol (idée géniale un peu sous-utilisée pour l’instant) et nos héros visitent la ville de Jackson que l’on ne voit que dans The Last of Us 2 (qui se déroule bien plus tard). "La seule consigne de Neil Druckmann [le créateur du jeu], c’est que si on devait changer quelque chose, il fallait que ce soit vraiment bien. Que ce changement soit mérité", nous expliquait encore Mazin. Jusqu’ici, tout va bien.
Les flops
La discrétion des Clickers
On aurait pu le mettre dans les tops. S’ils sont au coeur du jeu, en tant que série post-apo The Last of Us se démarque à juste titre en nous montrant que la vraie menace d’un monde où la civilisation s’est effondrée est forcément l’être humain. Mais il faut reconnaitre que les Clickers sont quand même trop absents du show HBO, d’autant qu’ils font mouche à chaque apparition et sont une vraie réussite en terme de design. A l’image du "Bloater", cet infecté gigantesque qui massacre tout le monde dans l’épisode 5. Mais qu’on se rassure, Craig Mazin et Neill Druckmann l’ont déjà annoncé : il y aura plus d’action et de Clickers dans la saison 2 de The Lasf of Us.
Le manque d'originalité du générique
Rien à dire sur la musique, c’est le thème principal du jeu d’origine, composé par Gustavo Santaolalla (fidèle d’Iñárritu). Par contre, le visuel… un champignon qui se développe et finit par composer la skyline d’une ville et les deux silhouettes de Joel et Ellie. C’est le principe de presque tous les génériques des grosses séries depuis Game of Thrones et sa carte "vivante" de Westeros. The Crown : une couronne qui s’assemble devant nos yeux. La Roue du temps : une tapisserie se tricote par magie. Les Anneaux de pouvoir : des grains de sable secoués… Un vrai cliché paresseux, donc, qui nous donne juste envie de pousser le bouton "passer le générique".
Le ventre-mou de l’épisode 4
Entre un épisode 3 époustouflant et un épisode 5 traumatisant à souhait, l’errance dans Kansas City, Please Hold to My Hand, nous a rappelé Walking Dead et son art du remplissage. Difficile d’être l’épisode de transition, celui qui permet aux personnages, et aux spectateurs, de se reposer. Obligés de faire un détour par la ville du Missouri, Joel et Ellie s’y retrouvent piégés suite à une embuscade et tentent alors de déguerpir en vitesse avant d’être retrouvés par Kathleen, cheffe de la rébellion introduite dans la série pour deux épisodes mais qui en sortira s’en avoir eu de réelle répercussion sur la narration. Un personnage vite oublié, dont la menace n’était pas assez imminente, et l’origin story un poil trop larmoyante.
Commentaires