Jean Vilar

Né le 25 mars 1912 à Sète dans une famille de merciers, Jean Vilar est vite épris de littérature par ses lectures de Zola, Stendhal, Shakespeare et Hugo. Acteur de théâtre et de cinéma, metteur en scène et directeur de théâtre, Jean Vilar a tout d’un artiste accompli.En 1932, il quitte sa petite ville natale du sud-est de la France pour Paris où il poursuit des études de lettres. Le jeune Vilar s’oriente vers une carrière théâtrale et prend des cours au théâtre auprès de Charles Dullin. Il signe sa première apparition en 1935 au Théâtre de l’Atelier, dans la pièce Le Faiseur d’Honoré de Balzac.Cinq ans plus tard, Jean Vilar rejoint la troupe La Roulotte, qu’il codirige avec André Clavé. Il commence à participer aux tournées du mouvement Jeune France. En 1942, il met en scène sa première pièce, La danse de mort d’August Strindberg. Un an après, il fonde sa propre troupe de théâtre La Compagnie des Sept. Il monte le premier spectacle du Théâtre de Poche Montparnasse avec trois pièces : Orage d’August Strindberg, Césaire de Jean Schlumberger et Veuve d’Henry Becque.Son talent éclate en 1945 au théâtre du Vieux Colombier, grâce à la pièce de T.S. Eliot, Meurtre dans la Cathédrale. Il remonte sur les planches l’année suivante pour la pièce Roméo et Jeannette de Jean Anouilh, mise en scène par André Barsacq, suscitant encore une fois un réel enthousiasme auprès du public.Jean Vilar crée du 4 au 10 septembre 1947 la Semaine d’Art Dramatique dans la cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon. Un an plus tard, elle prendra le nom de Festival d’Avignon.En 1951, Jean Vilar est nommé directeur du Théâtre du Palais du Chaillot, auquel il rend le nom que lui avait donné Firmin Gémier en 1920, le Théâtre National Populaire. Il commence par publier le Petit manifeste de Suresnes, dans lequel il explique sa perception d’un théâtre populaire. S’ensuivent la même année deux représentations, Le Cid de Corneille et Le Prince de Hombourg de Kleist.Au Festival d’Avignon de 1953, il met en scène La Tragédie du Roi Richard II de William Shakespeare dans laquelle il joue, et Don Juan de Molière. La même année, Vilar se voit accusé de détournement de fonds, et critiques conservateurs et hommes politiques lui reprochent de mettre en scène des œuvres de Brecht et de Henri Pichette, considérés, le premier comme communiste, le second comme avant-gardiste. Mais cela ne l’empêche pas de programmer Mère Courage de l’indésirable Brecht au Festival d’Avignon en 1959 et 1960 et La Résistible Ascension de Arturo Ui au Théâtre National Populaire.Au début des années 1960, il met en scène et joue dans les pièces les plus connues : Antigone de Sophocle, L’avare de Molière et La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux. Attiré aussi par le cinéma, Jean Vilar joue dans une douzaine de films dont Justice est faite d’André Cayatte en 1950 ou encore Les Aventures de Till l’espiègle de Gérard Philipe et Joris Ivens en 1956. Durant les 12 années à la tête du Théâtre National Populaire, Vilar fait de ce théâtre un théâtre engagé, en produisant notamment des pièces qui traitent du fascisme. Il veille également à la bonne qualité des spectacles et tente de rendre le théâtre accessible à tous. « L’art du théâtre ne prend toute sa signification que lorsqu’il parvient à assembler et à unir ». A la fin de son mandat à la tête du Théâtre National Populaire en 1963, Jean Vilar ne demande pas le renouvellement de celui-ci. Il décide de se consacrer définitivement au Festival d’Avignon qui se développe et s’institutionnalise, ce qui ne plait pas à tout le monde.En mai 1968, les étudiants entonnent même le slogan « Vilar égal Salazar » dans les manifestations.Après l’allocution du Général de Gaulle le 30 mai 1968, Vilar fait savoir à André Malraux, Ministre de la Culture, qu’il n’acceptera plus de fonction officielle.Jean Vilar meurt le 28 mai 1971. Il repose au cimetière marin de Sète, sa ville natale.