Kateb Yacine est né en 1929 dans une famille berbère chaouis qui fut par la suite arabisée puis dispersée durant l’époque coloniale. Après un passage à l’école coranique de Sedrata, Kateb Yacine, dont le prénom signifie en arabe « écrivain », entre à l’école française de Lafayette en basse Kabylie. Il devient par la suite interne dans différents collèges coloniaux.Le 8 mai 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, Kateb Yacine s’affiche comme l’un des participants du soulèvement populaire constantinois en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Cet acte lui a valu d’être incarcéré durant deux mois et d’être témoin d’une répression sanglante ayant fait, à l’époque, plus de 50 000 morts. Ne donnant aucun signe de vie durant sa période de détention, sa mère, le croyant mort, sombre dans la folie.A sa libération, il réintègre le lycée mais en est exclu peu après. Il se consacre alors à ses lectures et se passionne pour Baudelaire et Lautréamont. En homme fort éduqué, avocat et fils de juge, son père décide de l’envoyer dans un autre lycée et là, il rencontre Nedjma une cousine déjà mariée avec qui il découvre ses premiers émois amoureux. Elle fut la muse de ses premiers écrits et un personnage récurrent dans ses œuvres.Pendant ce temps, Kateb s’intéresse de plus en plus à la politique et fait même figure de conférencier du PPA, le grand parti nationaliste de masse à l’époque. En 1947, il part à Paris pour une conférence sur l’Emir Abdelkader et se retrouve enrôlé dans le Parti Communiste Algérien dont il partage les convictions.Il devient, par la suite, journaliste à Alger-Républicain, quotidien algérien en langue française. Ses premiers grands reportages portent sur l’Arabie Saoudite et le Soudan. A son retour de voyage, il publie un article sur l’escroquerie au lieu saint de La Mecque, qu’il signe du pseudonyme de Saïd Lamri.Fuyant la guerre d’Algérie, Kateb Yacine, s’installe à Paris de 1952 à 1959. Il y rencontre Bertolt Brecht et côtoie de nombreux écrivains, à l’instar de Malek Haddad et M'hamed Issiakhem. C’est durant cette époque que débute sa collaboration avec Jean-Marie Serreau. En 1956, l'auteur fait une entrée remarquée dans le cercle fermé des romanciers avec Nedjma, son premier roman édité chez Seuil. Son livre ne passe pas inaperçu à cette époque. Kateb racontera plus tard une anecdote qui l’a marqué, celle d’un lecteur qui n’a pas hésité à lui dire : "C'est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ?"Durant la guerre de libération, Kateb Yacine, harcelé par la Direction de la Surveillance du Territoire connait un long passage à vide. Il est souvent invité comme écrivain et voyage en France, Belgique, Allemagne, Italie, Yougoslavie ou même l’Union soviétique pour s’adonner à de petits métiers et subvenir à ses besoins.En juillet 1962, après la déclaration d'indépendance de l'Algérie, il rentre à Alger et reprend sa collaboration avec l’Alger-Républicain. Il continue à sillonner l’Europe et multiplie les séjours en Russie et en France.Il publie, en 1964, son deuxième roman Le Polygone étoilé et continue à publier ses écrits dans des journaux et revues littéraires. Il relate même, dans l’un de ses articles publiés dans Jeune Afrique, sa rencontre avec le philosophe Jean-Paul Sartre.Ses multiples voyages au Vietnam l’ont profondément marqué. Son style littéraire a perdu de sa forme romanesque et il en résulte la publication de la pièce L'homme aux sandales de caoutchouc, traduite en arabe en 1970. Entre 1972 et 1975, Yacine enchaine les tournées avec ses pièces Mohamed prends ta valise et La Guerre de 2000 ans. Sa troupe l'Action Culturelle des Travailleurs (A.C.T) parcourt les régions de France et de la RDA pour des représentations sous la tutelle du Ministère Algérien du Travail. Une fois sa troupe dissoute, l’écrivain s’isole à Sidi Bel Abbès et prend la direction d’un petit théâtre.En 1986, il publie L'Œuvre en fragments, des textes de l'auteur réunis par Jacqueline Arnaud, qui paraissent aux Editions Sindbad. L'année suivante, il reçoit le Prix National des Lettres, décerné par le Ministère de la Culture en France. Deux ans plus tard, il s'installe provisoirement en France, dans la Drôme, pour travailler sa dernière pièce, Le Bourgeois sans culotte ou le Spectre du Parc Monceau, présentée à Arras et à Avignon à l'occasion du bicentenaire de la révolution de 1789. Il part ensuite aux USA pour présenter La Poudre d'intelligence en version anglaise. Pendant ce temps, la voix du peuple se fait de plus en plus entendre en Algérie pour dénoncer la corruption du gouvernement et la répression par le sang.En 1989, Kateb Yacine s'éteint à Grenoble des suites d'une leucémie. Son enterrement a lieu au Cimetière des Martyrs d'El Alia à Alger.En 2003, son œuvre entre au répertoire de la Comédie-Française.
Nom de naissance | YACINE |
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Genre | Homme |
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