Après le crash d'un avion, le BEA doit décrypter la boîte noire de l'appareil. Est-ce un acte terroriste ou un tragique accident dû à un problème mécanique ? Même les experts se contredisent. Dès le début du film, Gozlan plonge ses spectateurs dans la cabine au moment de l’impact. La séquence est percutante : traversant tout l’avion du cockpit jusqu'à la fameuse boîte noire dans un beau plan-séquence, le spectateur tente de se faire une opinion. Mais le doute s’installe. A-t-on vraiment vu se lever un homme suspect au dernier moment ? Est-ce qu’on a vraiment entendu un « Allah ouakbar » ? C’est la question qui va également ronger Mathieu Vasseur (Pierre Niney). Cet ingénieur prend rapidement en charge l'enquête. Rigoureux c’est un technicien à l’oreille absolue mais qui est aussi buté qu’arrogant. Et surtout, il est prêt à tout sacrifier sur l’autel de la science et de sa raison. En épousant le point de vue de ce héros ambigu, Gozlan joue avec le réalisme des procédures et des décors. La première partie du film enferme son personnage principal et le spectateur dans son labyrinthe mental. La quête obsessionnelle de Vasseur se déploie dans une mise en scène sophistiquée (montage serré, mixage sonore ouvragé) qui font de Boite noire un polar paranoïaque efficace. Et puis à mi-parcours, Gozlan quitte les rives de l’enquête scientifique, pour celles du thriller d’action. Plus balisé, chromé comme un polar Europacorp, le film multiplie les course-poursuites et le jeu de piste se muscle… Dans les deux cas, l’interprétation de Pierre Niney oblige le spectateur à revoir à chaque fois ses certitudes, à repasser le fil de ce qu’il vient de voir pour s’assurer si on peut vraiment faire confiance à ce technicien à deux doigts d’emmener le monde dans sa folie.