Première
par Lucie Chiquer
Jusqu’où peut-on aller pour toucher du doigt la perfection ? C’est autour de cette interrogation que gravite le délirant Ça tourne à Séoul . Un retour aux sources pour le cinéaste coréen qui, depuis The Quiet Family et Foul King, avait délaissé la comédie pour un cortège de drames, thrillers, polars et westerns. Et c’est avec la crème de la crème du star-système coréen, son collaborateur récurrent Song Kang-ho en première ligne, que Kim Jee-Woon nous embarque au cœur du tumulte d’un plateau de cinéma dans le Séoul des années 70. Le réalisateur Kim, névrosé depuis qu’il ne parvient pas à retrouver sa gloire d’antan, décide dans un élan de folie pure de retourner les séquences finales de son prochain film Dans la toile, malgré une censure excessive et un budget à sec. Commence alors une course contre la montre pour fignoler son chef-d’oeuvre. Pourtant, la première moitié surprend : le rythme est apathique, le scénario un poil paresseux, les personnages traînent la patte. Puis vient la grâce. Le réalisateur commence à faire ses reshoots —des séquences qui nous sont montrées en noir et blanc— et c’est un gigantesque bordel. S’enchaînent cris, pleurs, menaces, coups. Un véritable naufrage constitué d’acteurs aux égos surdimensionnés, de producteurs cupides et d’officiels gouvernementaux aigris. Et quand vient la mise en place d’un plan séquence sur du France Gall (Poupée de cire, poupée de son), le cinéaste nous livre un tableau tel que le Radeau de la Méduse pourrait paraître insipide. Un véritable uppercut.