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Quatre ans après le phénoménal succès des Choristes, Christophe Barratier revient avec une comédie rétro-musico-mélo dont il a le secret : références et nostalgie assumées (le réalisme poétique de Carné ; celui, social, du Duvivier de La Belle Équipe), numéros d’acteurs à l’ancienne (Jugnot et sa bonhomie à la Raimu ; Cornillac et sa gouaille à la Gabin), unité de lieu (après l’internat, le théâtre), dialogues simples, mise en scène classique. Entre les deux films, néanmoins, une différence de taille : les moyens, multipliés par six ! Et ça se voit. Si l’essentiel du budget des Choristes était consacré aux costumes et aux accessoires, celui de Faubourg 36 est à chaque coin de l’image : dans la lumière travaillée de Tom Stern, chef op d’Eastwood – rien que ça ; dans les décors somptueux de Jean Rabasse, successeur désigné du mythique Alexandre Trauner ; et dans la mise en scène en mouvement de Barratier – voir l’ambitieux plan-séquence d’ouverture. Défenseurs d’un cinéma populaire de qualité, Jugnot et Barratier étaient faits pour travailler ensemble. Tous deux aiment les grandes histoires morales dans lesquelles des personnages vacillants se dressent contre l’adversité et l’injustice. Sur ce point, Faubourg 36 et son discours sur l’entraide comme rempart au capitalisme sauvage et à la barbarie qui s’annonce tombent à pic. Savants dosages de cabotinage (dans ce registre, Kad Merad n’a pas d’égal) et d’émotion, leurs films ont les défauts de leurs qualités : prévisibles mais lumineux, spectaculaires et divertissants.
Toutes les critiques de Faubourg 36
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Jean-Pierre Lacomme
Brillant, enlevé, chaleureux, Faubourg 36 renoue avec avec la période dorée du cinéma français d'avant-guerre où les seconds rôles étaient aussi soignés que les premiers. Cinéma d'un autre temps? L'émotion n'a pas d'âge, et voir un homme pleurer dans la veste de pyjama de son fils qui lui a été enlevé est toujours aussi bouleversant. Le refrain du film, aussi entêtant qu'entraînant, s'intitule Partir. Pour mieux revenir.
- Ellepar Françoise Delbecq
Fort du succès de son film Les choristes, Christophe Barratier persiste et signe dans un genre qu'il maitrise parfaitement: le cinéma populaire avec note musicale à la clé. En hommage aux films de Carné et de Duvivier, il donne vie, en plein Front Populaire, à un théâtre autour duquel gravite une pléiade de personnages et il déroule le tapis rouge aux bons sentiments. A noter, pour sa première apparition à l'écran et dans le principal rôle féminin, Nora Arzeneder, véritable révélation qui chante aussi bien qu'elle joue.
- Fluctuat
On est assez peu nostalgique de la France et du cinéma nourrissant les films de Christophe Barratier. Ce cinéma, c'est celui du réalisme poétique, un genre d'avant-guerre - dont le point culminant est sans doute la sortie des Enfants du paradis de Marcel Carné en 1945 - et sur lequel nous revenons à l'occasion de la sortie de Faubourg 36. Ce dernier, caprice de cinéphile vaguement bourgeois et bourré de moyens, n'est malgré tout pas complètement désagréable.- Lire notre article sur le réalisme poétique Après le succès des Choristes, on n'attendait pas grand-chose du retour de Christophe Barratier. Encore moins un film qui prenne à contre-pied sa fascination pour le cinéma de papy et son côté vieille France. Aucune surprise donc avec Faubourg 36 qui ne change pas de cap, cultivant plus que jamais ce goût du rétro à renfort d'images d'Épinal (un quartier de Paris et son cabaret à l'époque du Front Populaire) et de références au réalisme poétique. C'est presque un genre en soi pour Barratier, qui se complait comme un bienheureux dans son esthétique de brocanteur candide, tout émerveillé que cette grande machine qu'est le cinéma lui permette de réaliser ses rêves et faire revivre cette époque. Evidemment, en convoquant les mythes, en citant Marcel Carné, Jacques Prévert, Duvivier ou Gabin, Barratier espère ressusciter, tout en lui rendant hommage pour mieux s'y inscrire, un certain cinéma populaire qu'il idéalise. Celui qu'on aurait un peu oublié mais qui resterait le garant de la qualité française, la vraie, celle sur laquelle la Nouvelle Vague avait tiré un trait et que plus aucun critique n'évoque aujourd'hui.Si on goûte peu cette nostalgie, il serait toutefois idiot de jeter la pierre à Barratier. Son Faubourg 36 sent certes la naphtaline ; il y a bien un côté besogneux dans la manière dont le scénario tente de faire tenir debout son récit dispersé et naïf ; l'alchimie entre des acteurs un peu trop fiers (comme s'ils venaient rendre justice au genre) ne prend pas vraiment, mais on ne peut négliger un certain souci de bien faire. Le film aurait mérité de garder sa forme originelle, la comédie musicale, plutôt qu'être ce pot pourri cinéphile au romanesque raté. Car délesté de son scénario best of et de son casting popu servant des caricatures, quand il ne s'intéresse qu'aux mouvements et au rythme, à la musicalité du film et ses décors, Barratier témoigne d'un talent formel pas désagréable. Il donne à Faubourg 36 une ampleur et une élégance, qui sans définir un style ni nous épargner ce regard gnangnan, prouvent les capacités d'un honnête artisan heureux de déballer ses trucs pour les partager. Avec son petit côté Broadway (l'hommage à Bubsy Berkley), Barratier est un peu le Rob Marshall français.Faubourg 36De Christophe BarratierAvec Gérard Jugnot, Kad Mérad, Clovis CornillacSortie en salles le 24 septembre 2008© Pathé Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils comédie, musique au cinéma sur le blog cinéma