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Neuf ans après leur dernier tour de passe-passe, les « Quatre Cavaliers » (ils sont cinq en fait, allez comprendre) remontent sur scène. Ce troisième épisode se rêve en reboot mais sans totalement l’assumer. Ruben Fleischer, nouveau chef d’orchestre de la franchise, tente de relancer la magie en dépoussiérant la formule : plus d’effets, plus de rythme, plus de clinquant, une super méchante. Il ne manque qu’un truc : un peu d’âme… Et pour ça, il faudra repasser.
Le film démarre tambour battant sur un show amusant. Nos cavaliers justiciers font un spectacle dont ils ont le secret et réussissent à voler la fortune de quelques yuppies ayant escroqué le fisc… Jusqu’à ce qu’on comprenne que ces cavaliers ne sont que des hologrammes maitrisés par trois jeunes magiciens qui possèdent la virtuosité hypnotique des anciens. Quand les vrais Horsemen (Jesse Eisenberg, Isla Fisher, Woody Harrelson, Dave Franco) débarquent rappelés par L’Oeil, on se dit que le spectacle peut reprendre. Mais la machine s’essouffle en fait très vite. Fleischer déroule un scénario qui s’emmêle dans ses ficelles et ses retournements, trop préoccupé par le tempo pour construire un vrai mystère. Les tours s’enchaînent, le montage brille, les trucs s’épuisent.
L’ambition est pourtant là : moderniser la saga avec une nouvelle génération censée assurer la relève. Justice Smith Dominic Sessa et Ariana Greenblatt incarnent ces jeunes prodiges connectés, entre street magie et hacking digital, symboles d’un cinéma qui cherche désespérément à parler à l’air du temps. Mais leurs personnages, esquissés à la va-vite, n’existent jamais vraiment. Ils passent, comme un tour raté : une idée séduisante qui disparaît avant d’avoir pris forme. Le film veut rajeunir, sans savoir comment.
Les vétérans, eux, font ce qu’ils peuvent : Jesse Eisenberg garde son ironie nerveuse, Woody Harrelson sa désinvolture goguenarde, Isla Fisher son énergie espiègle. Tous semblent conscients que le charme s’est un peu dissipé, et jouent sur l’autodérision. Le seul vrai rayon de lumière vient de Rosamund Pike, séduisante en grande manipulatrice au flegme britannique et à l’accent flamand sexy (elle joue une diamantaire diabolique). Elle s’amuse, s’étire, distille une cruauté élégante, comme si elle venait d’un film plus malin que celui qu’elle habite. C’est peut-être là le cœur du problème : Insaisissables 3 veut faire illusion, mais ne croit plus à sa propre magie. Comme toujours l’histoire n’a aucun sens, et Fleischer filme ce grand vide sans idée ni véritable point de vue ; les tours fonctionnent, mais le mystère s’évapore. Reste une vitrine brillante, à peu près rythmée mais jamais vivante. Un numéro sans vertige ni mystère : la magie, ici, n’est plus qu’un effet spécial. “Tout est magie ou rien” disait Novalis. On a la réponse
Insaisissables 3


