- Fluctuat
La production iranienne de ces dix dernières années à remis les choses à leur place. Longtemps considéré comme le chantre de l'intégrisme religieux des ayatollahs et autres fous d'Allah, le cinéma iranien s'est imposé au début des années 90 comme un véritable phénomène visuel où s'entrecroisent des thèmes universels tels que l'amitié, la tolérance ou la solidarité...La production iranienne de ces dix dernières années à remis les choses à leur place. Longtemps considéré comme le chantre de l'intégrisme religieux des ayatollahs et autres fous d'Allah, le cinéma iranien s'est imposé au début des années 90 comme un véritable phénomène visuel où s'entrecroisent des thèmes universels tels que l'amitié, la tolérance ou la solidarité, et qui sont devenus par la suite les préoccupations premières d'un groupe de visionnaires (Abbas Kiarostami, Mohsen Makhmalbaf, etc.)En l'occurrence, la simplicité de la mise en propos de ces différents cinéastes force l'admiration. Selon le journaliste Mamad Haghghat, l'Iran s'est quasi familiarisé avec l'image contemporaine, cette image "réelle ou de fiction, qui s'est libérée et fait désormais partie du quotidien de la population." Le Cercle ne déroge pas à la règle. Ce film étrangement dithyrambique et méticuleux est fragile comme ses principales héroïnes. Elles sont plusieurs et pour la plupart ne se connaissent pas. Elles se baladent sans cesse dans des ruelles sombres où le moindre regard masculin est synonyme de danger. Elles sont des parvenues pour cette société plus que misogyne, pour ces innombrables défenseurs d'une religion maladroitement adaptée. Arborant un long foulard sombre qui les protège de toute tentation, ces anciennes prisonnières essaient de se reconstruire, de se forger une identité nouvelle dans un microcosme étouffant. Leurs problèmes sont multiples et malheureusement ordinaires : désirs interdits, mise au monde d'une fille, rejet de la famille (notamment des frères), prostitution due à un système social absurde, rejet d'un passé honteux.Le film de Jafar Panahi (son troisième en moins de cinq ans) dénonce un lourd et pesant problème qui hante la société iranienne, celui de la condition féminine au sein de la religion musulmane. Il n'y a pas si longtemps de cela, le cinéaste français Philippe Faucon nous offrait un très beau portrait de femme ouvertement libérée avec le poignant Samia. Le Cercle est bien plus complexe que son frère persan. Panahi filme "une communauté qui prive volontairement les femmes des libertés fondamentales et en font virtuellement des prisonnières". L'auteur tisse différents fils narratifs qui donnent à l'image une continuité irréprochable. De faits ordinaires en dénonciations implacables, Panahi présente un état des lieux effrayant. Toutes les femmes que nous voyons errer dans Téhéran risquent à tout moment d'exploser. Elles sont sans cesse aux aguets, doivent se maîtriser, se défendre et même ne plus s'épanouir... Elles sont des automates attendant leur maître. Le Cercle repose sur la douceur exclusive d'une perle rare, longtemps incomprise et qui n'est finalement que l'inspiration première de tout homme : la femme.Le Cercle De Jafar Panahi Avec Maryam Parvin Almani - Nargess Mamizadeh - Fereshteh Sadr Orafai - Monire Arab Iran - 1h29- Chronique du film Hors Jeu de Jafar Panahi