Il aura donc fallu cinq ans à Jaco Van Dormael pour se remettre du four stratosphérique de "Mr. Nobody". Après un passage par le théâtre et les installations, le cinéaste revient au cinéma. Résultat : 112 minutes de divagations surréalistes où le douteux côtoie le sublime ; 112 minutes d’un délire qui ne ressemble à rien d’autre qu’à lui et à son cinéma, bordélique et joyeux. Le récit, un patchwork chapitré où chaque disciple a droit à son sketch, compte moins que les associations d’idées, les références musicales et l’harmonie miraculeuse qu’il parvient à créer. Drôle de poème carburant à la métaphysique, bâti sur des effets de rimes visuelles ou des références tordues, "Le Tout Nouveau Testament" est un film aussi vénère et généreux que son héroïne. C’est parfois n’importe quoi (Deneuve dans un remake de "Max mon amour", la love story d’un obsédé sexuel…), mais c’est souvent hilarant, émouvant et provocant. Contre vents et marées, Van Dormael, que l’on pensait cramé, continue donc de pratiquer un cinéma "idiot" au sens dostoïevskien : angélique, pur et chargé. Mais cette fois, ça pourrait bien marcher.