Dunkerque, son port gris et son ciel bas se confondant avec la mer du Nord. La météo semble annoncer une chronique nuageuse au teint blafard, mais Marion Vernoux opte pour
la brise du mélodrame et les éclaircies de la comédie. Caroline (Fanny Ardant), qui est en pleine crise de la soixantaine, se demande que faire de ses « beaux jours ». De la poterie, comme les autres membres du club de retraite ? Plutôt mourir. Refusant d’être confinée dans ce rôle de mamie gâteau un peu précoce, elle préfère se laisser porter
par un flirt improbable avec Julien (Laurent Lafitte), séduisant prof d’informatique à peine quadra. La cinéaste a cependant l’intelligence de ne pas réduire ce dernier à un simple fétichiste de la cougar – l’oeil pétillant de Julien s’allume aussi devant les femmes de son âge – et de ne pas s’enfermer dans un pensum « sociopsychologisant » sur les relations intergénérationnelles à l’heure de l’allongement de l’espérance de vie. Si ces thèmes et ces stéréotypes sont sous-jacents, la réalisatrice de Rien à faire les court-circuite avec une tendresse et un humour salvateurs, laissant à chaque personnage une chance d’émancipation. Au contact de l’ouragan Fanny Ardant, irrésistible en blonde à chemise de cow-boy, les masques virils des fringants Laurent Lafitte et Pierre Chesnais (tous deux excellents) se craquellent. Débarrassée de toute afféterie, la mise en scène de Marion Vernoux enregistre ce regain de passion avec une vitalité contagieuse.