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Une nuit de 2039, à Grenoble, après une rencontre musclée avec les forces de l'ordre, Julia (Adèle Exarchopolous, parfaite) disparaît avec ses camarades activistes avant de se réveiller dans un lieu mystérieux et comprend vite que la réalité dans laquelle elle vient d'ouvrir les yeux est virtuelle, dont elle restera prisonnière, sauf si elle dénonce ses complices. Au même moment, Nour (Souheila Yacoub, à la présence folle), une migrante sous la menace d’une expulsion peine à faire renouveler son QR Code oculaire, devenu indispensable et met la main sur une nouvelle technologie de l'armée qui va lier son destin à celui de Julia et ses tentatives de s'échapper de cette Planète B dont elle est prisonnière. Aude-Léa Rapin (Les héros ne meurent jamais), nourrie à la littérature de SF, au cinéma d'anticipation et aux jeux vidéo, parvient à en mélanger les codes pour offrir un vision singulière -et très sombre- du monde. Dérives carcérales, traitement inhumain des immigrés, violences policières, peur du réchauffement climatique... On pourrait craindre la surdose, mais la réalisatrice parvient toujours à garder le fil de son histoire. Alors, certes, une fois qu’on a compris le concept, l'univers virtuel est sans doute un poil trop “lisse” et répétitif pour convaincre pleinement. Mais ne boudons pas notre plaisir face à une telle proposition de cinéma : en s'inspirant des décors en récup' des Fils de l'homme de Cuaron, de la lumière des frères Safdie et avec Bonello en charge de la BO inquiétante, la réalisatrice signe comme eux des films modernes, ancrés dans leur époque.