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L’image en noir et blanc un peu granuleuse ne laisse planer aucun doute : Qu’"Allah bénisse..." est l’enfant que "La Haine" n’a pas eu mais qui a grandi à l’ombre de ce film tutélaire. Le rappeur et poète Abd Al Malik est allé jusqu’à "piquer" son directeur photo Pierre Aïm au grand frère et ami Kasso. Le parallèle s’arrête quasiment à cette consanguinité esthétique. En effet, ce premier long métrage met en sourdine la violence (rappelée par un très beau plan fixe) et invoque dignement l’islam dans ce qui s’apparente plutôt à une chronique poétique des cités, rythmée par le slam sensible du héros et par les péripéties tragi-comiques de ses protagonistes. Tout n’est pas parfait dans cette œuvre autobiographique où la sincérité confine parfois à la démonstration. Quelques maladresses n’effacent cependant pas l’impression d’apaisement transmise par le désormais cinéaste. "Jusqu’ici", tout va toujours bien.
Toutes les critiques de Qu' Allah bénisse la France
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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"Qu’Allah bénisse la France" séduit par ses plans originaux et sa fraîcheur technique. C'est un hymne à la tolérance.Le film est sculpté dans le bruit et la fureur d’une génération malmenée. L’ouïe est bercée par une bande sonore composée par Laurent Garnier et Abd Al Malik. Le casting est pertinent, le cinéaste néophyte saturé de talent.
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"Qu'Allah bénisse la France" (...) : ses dialogues sont soignés, les personnages qui évoluent autour de son héros, vrais et touchants.
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Une oeuvre gorgée d'espoir et de valeurs morales. Marc Zinga surprend constamment par sa justesse.
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Ce portrait drôle et déchirant décrit la banlieue de l'intérieur. Un vent d'espoir.
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Image en noir et blanc signée par le directeur de la photo de "La Haine", mise en scène travaillée et toute la foi d'un ex-banlieusard qui éreinte gentiment les préjugés dans un hymne à la tolérance certainement trop appuyé, mais sincère et attachant. Mention spéciale à Marc Zinga parfait de douceur butée dans le rôle de Régis.
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Là où Abd Al Malik étonne le plus, c’est dans sa maîtrise de la mise en scène, de la mise en images et dans sa direction d’acteurs. Si son "flow" en rap n’est pas des plus remarquables, ses textes sont très travaillés, ainsi que ses orchestrations, la musique du film étant de ce point de vue très réussie, dynamique, rythmée et, d’un point de vue sonore, inventive.
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Abd Al Malik, pour dérouler son cheminement, fait montre d’une belle maîtrise de la caméra, évitant les effets inutiles tout en gratifiant les blocs de sa cité, de sinistre réputation, de plans qui en font ressortir la beauté géométrique. Plus globalement, le néocinéaste donne le sentiment d’avoir bâti son film comme un conte de fée moderne où la violence reste délibérément hors-champ.
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Ces inflexions délicates, le désir manifeste se plier aux exigences d’un cinéma qui permet aux événements d’arriver, aux êtres d’exister à l’écran font "Qu’Allah bénisse la France" n’est pas le manifeste que son titre pourrait laisser deviner, plutôt un autoportrait en forme de cri de triomphe sur l’adversité.
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Tourné avec l'énergie d'un clip et le réalisme brutal d'un noir et blanc coléreux, cet hymne hip-hop, brillamment orchestré, ajoute à la partition entamée avec "La Haine" de Kassovitz des notes d'espoir.
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Abd Al Malik adapte son livre et raconte sa jeunesse entre délinquance, islam et rap. Avec de bonnes intentions, mais de façon trop scolaire.
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On pourra souligner de petites maladresses, mais la sincérité est là. Abd Al Malik livre une oeuvre singulière, à son image.
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On a le sentiment que l'écrivain-rappeur s'obstine dans des choix de mise en scène trop appuyés. Ce qui lui fait parfois perdre de vue son intention : donner à voir les multiples facettes d'un parcours hors du commun.
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Avec son noir et blanc contrasté, ses cadrages graphiques, ses joutes oratoires incessantes, le film est une sorte de petit frère de "La Haine". Il n'échappe pas au déjà-vu, à certains tics de clip. Il se distingue, surtout, grâce à sa dimension humaniste, en décrivant un cheminement personnel qui s'ouvre sur le monde.
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De temps en temps, quand le rappeur s’échappe du côté du poétique - notamment via la bande-son -, une étincelle surgit, rapidement étouffée par la quête d’une réalité qui sonne faux tant Abd Al-Malik s’y place continuellement en héros.
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Le filtre mince du noir et blanc ne peut masquer cette réalité parfois gênante : une absence de distance, où la démarche ne flirte certes pas avec le narcissisme, mais plonge Abd Al Malik dans un besoin compulsif d’exhaustivité et une émotion démonstrative. "Qu’Allah bénisse la France" marque par sa sincérité et par l’énergie positive qu’il construit, mais pèche par une naïveté affectée.
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Une chronique sociale et humaine qui se veut positive, sans angélisme, mais sans déni de la réalité de la banlieue.
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Abd Al Malik recopie sans inspiration la grammaire éculée des films de banlieue, qu’il prive même de leur principale vertu : la colère. Il y a même quelque chose d’assez gênant dans la manière dont le film exalte l’intégration à tout prix et multiplie les appels au calme, presque une forme de contrition qui semble adressée à tous les névrosés du suicide français.
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Si ce film est imparfait sur la forme, il interroge la foi et véhicule un message positif et engagé à l’égard de cette France plurielle. Dans le paysage radieux de ce film initiatique aux accents chantants, dominent le très juste Marc Zinga, la toujours gracieuse Sabrina Ouazani et l’évanescente Mireille Perrier.