Lassé de son statut de gendre idéal, Guillaume Canet s’encanaille dans un ego-trip corrosif et très drôle, mais comme effrayé par sa propre noirceur.
Difficile de parler de Rock’n’Roll sans déflorer les surprises de la deuxième partie, vraiment folle. On tentera donc une approche plus mesurée que le film. L’histoire, d’abord. Guillaume Canet, acteur en pleine crise existentielle, en a marre de sa vie pépère. Son couple avec Marion Cotillardva bien mais, bousculé par une jeune actrice et une petite journaliste, il décide de se prouver qu’il est encore un peu sauvage. Le problème quand on va voir ailleurs, c’est qu’on n’y rencontre souvent que soi-même. Et qu’on risque vite d’en avoir marre de voir sa gueule...
Une autofiction type Grosse Fatigue ou Platane ? Il y a de ça dans Rock’n’Roll, film de et sur Guillaume Canet où Guillaume Canet joue Guillaume Canet qui pète au lit et dort avec un sweat Ne le dis à personne. Où Marion Cotillard (hilarante) joue Marion Cotillard césarisée. Où Johnny Hallyday joue (super bien) Johnny Hallyday. Mais le projet ne réside pas seulement dans cette farce distanciée. La bonne idée est d’avoir fait du vrai-faux Guillaume un personnage plus noir, pour dépeindre l’inquiétude identitaire d’un héros paumé. Existe-t-on encore dans une société obsédée par les selfies ? Existe-t-on seulement par la place qu’on occupe et la gueule qu’on a ? En ne faisant qu’effleurer ces sujets, le film perd un peu de sa corrosivité initiale, avant de foncer dans un final cartoonesque. Dingue (vraiment), mais presque trop rassurant par rapport à la première partie où le personnage de gamin égaré que se compose Canet fonctionne comme une allégorie de son innocence face à la « société du spectacle » qu’il abhorre.