Première
Leiba, aubergiste juif droit dans ses bottes, cherche à se protéger lorsque l’un de ses employés, un chrétien belliqueux du nom de Gheorghe, le menace de mort. Nouvelle variation autour du thème de l’antisémitisme, Semaine Sainte prend le temps de dérouler son action et choisit d’épouser le point de vue de Leiba afin d’historiographer les années qui précèdent la Shoah. Mais plutôt que de prendre parti pour son protagoniste, Andrei Cohn choisit d’opposer deux êtres acariâtres, qui utilisent le prétexte de la religion (juive pour l’un, chrétienne pour l’autre) afin de libérer leurs pulsions meurtrières. En lorgnant très adroitement vers les grandes œuvres du slow cinema, le film réussit à montrer brillamment la propagation d’une haine insidieuse qui trouve sa justification dans un contexte d’extrême pauvreté. Le drame laisse alors place, dans une dernière heure majestueuse, à un pur objet horrifique.
David Yankelevich