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Avec The Crazies, Breck Eisner prouve que le film d’horreur portant sur la contagion a encore de beaux jours devant lui. L’atmosphère de cette petite ville contaminée par un mystérieux virus n’est pas sans rappeler l’excellent 28 Jours Plus Tard. Les plus flippettes passeront les ¾ du film planqués sous leur veste ou à planter leurs ongles dans la main de leur conjoint. Ce qui n’empêchera pas quelques éclats de rires par-ci par-là, apportant un peu de légèreté à ce récit des plus efficaces. Breck Eisner joue avec nos nerfs et on aime ça !
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The Crazies transpose dans l’Amérique profonde d’aujourd’hui l’intrigue de La Nuit des fous vivants, réalisé en 1973 par George Romero. Avec des moyens largement supérieurs à ceux dont disposait Romero, le remake améliore ce qui pouvait l’être à coups d’effets sonores et visuels qui apportent au film le vernis nécessaire pour passer dans un multiplexe. Mais il édulcore ce qui faisait l’intérêt de l’original : alors que le rôle très négatif donné à l’armée était symptomatique d’une époque violemment critique envers les institutions, ici, c’est juste un outil de maintien de l’ordre et un obstacle supplémentaire pour les survivants. En fait, The Crazies ne semble programmé que pour dispenser des moments chocs à intervalles si réguliers qu’ils en deviennent prévisibles. La contamination elle-même est traitée sans souci de cohérence. On dirait un cadavre exquis : on ne s’ennuie pas mais on oublie aussitôt.
Toutes les critiques de The Crazies
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sans être particulièrement inventive, la version de Breck Eisner a le mérite de l'efficacité, reposant sur des effets qui ont fait leur preuve. On retient l'anonymat des envahisseurs armés, particulièrement anxiogène, et l'hypothèse de l'accident biologique, évidemment flippante.
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par Yann Lebecque
Le cinéma d'horreur , et plus encore les remakes de classiques, devraient suivre l'exemple de ce film honnête, respectant les codes du genre tout en les réinventant, offrant un spectacle sincère et prenant, corrigeant les maladresses d'une oeuvre de jeunesse, à l'image de La Colline à des yeux ou La Dernière Maison sur la gauche.
A sa manière, The Crazies façonne une approche plus psychologique que son modèle. Non des personnages, mais de l'image, sécrétant ici une angoisse cachée du dérèglement. Et là où Eisner se montre malin voire brillant, c'est qu'il se situe dans l'héritage de Romero : pas politiquement, mais esthétiquement et poétiquement. Petit chef d'œuvre de maniérisme et de minimalisme, The Crazies ne cesse de reprendre, avec un vrai talent, ces paysages américains vidés qui donneront leur identité aux films de zombie du cinéaste. Une empreinte fantomatique, désormais froide, presque glacée, s'immisce de partout. Eisner use d'images d'Epinal américaines, de lieux typiques vus à travers un prisme de cristal offrant aux espaces une dimension inquiétante, incarnée et désincarnée. Cette étrangeté iconographique, qui par un plan large ou une lumière figée distille une poésie morbide, offre au film une couleur de fin du monde (dont Romero n'est plus capable). Soutenu par un bel effort de mise en scène et quelques morceaux d'anthologie (l'attaque du Lavomatic), The Crazies doit aussi au choix de Timothy Olyphant. Son allure, mélange paradoxal de flegme et de rigidité, renforce le double rapport du film à un venin mouvant (il transite par l'eau) empoisonnant le cadre figé d'une bourgade américaine. Reste la conclusion, moins désespérée et cynique que chez Romero. Ce qui n'enlève rien à sa pure vision apocalyptique, autant dire l'essentiel.
On est agréablement surpris par les aspects naturalistes présents au début du film, la distribution plutôt bien sentie et la jolie ambiance pastorale qui se dégage de cette chronique de campagne qui tourne mal. Mais assez vite, on est pris dans une spirale d'horreur bien classique, plutôt bien gérée, tapant du côté catastrophe inexorable de The Mist. Il y a pire référence mais The Crazies se révèle trop plan-plan et cousue de fil blanc.
Certes, tout n'est pas parfait, mais il est acquis dès le premier plan que The Crazies est pris en charge par un petit maître à l'insolente vigueur, et qui a le bon goût d'éviter la frime (ce qui n'empêche nullement le film de toucher visuellement au sublime) ou la crétinerie de fan. On le voit notamment à son traitement de la folie des infectés (absences, regard éteint, allure déprimée), pour le coup bien plus fin que les scènes de délire un peu caricaturales du film de tonton George.
Jouant à fond la carte du suspense, la série B ne relâche ici jamais la tension, plongeant les habitants d’une petite bourgade isolée entre les champs de maïs, en échantillon d’apocalypse meurtrier. La folie devient contagieuse et la contagion envahit la salle, faisant de la peur des protagonistes un mal palpable qui se choppe comme un virus. Difficile de faire plus condensé, Eisner va à l’essentiel et pose une ambiance lourde, peu propice à l’humour et au déballage de minois adolescents. La deuxième partie fonce tête baissée dans les délires paranoïaques du moment, avec village dévasté, complots étatiques et militaires, enragés assoiffés de sang... La brutalité des scènes, qui ne dérapent jamais vers la complaisance pour autant, rend le spectacle percutant et souvent éprouvant. Décrivant le périple de deux habitants de la bourgade (le shérif et son épouse qui est docteur) qui tentent d’échapper à la démence de leurs anciens amis, dans un périmètre condamné par l’armée, Eisner n’écarte jamais la psychologie des personnages, qui se défendent avec émotion pour survivre à l’inéluctable destruction.
Virus? Phénomène paranormal? Dérive d'une société nécrosée? On attend en vain la satire derrière l'hémoglobine. Car au final, tout est dans le titre, pas plus, pas moins, faisant de The Crazies un petit film pop-corn, pas franchement incontournable...
Musique stressante, fausse alerte, ha ha même pas peur que de la gueul.... AAAAAHHH : classique triptyque de l'horreur. Breck Eisner parvient de surcroît à nous faire rire. Une performance à saluer, vu que le films de zombies rigolos sont aussi rares que les 4x4 écolos.
(...) "The Crazies" version 2010 le vide de toute sa substance politique. Soit un vague manifeste écolo à base d’armes bactériologiques et d’épidémie meurtrière, criblé d’effets horrifiques aussi crétins que totalement inopérants.
Le film de Breck Eisner, cinéaste venu de la télévision, reprend le schéma d'origine en ayant perdu en route la rage et l'énergie qui faisaient le prix de son modèle. Les personnages y sont à la fois faiblement caractérisés, conventionnels et surtout écrasés par la stupidité des dialogues qu'on leur fait dire. Les situations sont banales et The Crazies, version 2010, s'ajoutera à une liste déjà longue : celle des remakes inutiles.