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C’est le genre d’abruti qu’on rencontre fréquemment. Un con triomphant, un frimeur à tendances néo-beauf. Dans Tout le monde debout, Franck Dubosc est Jocelyn, un homme d’affaires à qui tout réussi. Un égoïste aussi qui n’a qu’un but dans la vie : mater les filles et les séduire à n’importe quel prix. Sa mère vient de mourir et à la suite d’un quiproquo, il se met par exemple à draguer sa voisine en se faisant passer pour un handicapé en fauteuil roulant. Jusqu’au jour où celle-ci lui présente sa sœur, elle aussi handicapée. Fini de rire ? Pour son premier film en tant que réalisateur, Dubosc a choisi de mettre en scène son personnage de séducteur macho et gentiment ringard. Normal après tout : c’est ce qui lui a assuré ses meilleurs partitions (du loser d’Incognito au Patrick Chirac de la saga Camping) et le comique excelle vraiment dans le rôle de l’imbécile incandescent, du parvenu relou qui, comme les valets des comédies classiques, tire les ficelles avant de se faire rattraper par ses sentiments. Sens du timing, regard en coin et tête de victime parfaite… Dubosc a sublimé ce personnage d’idiot veule qui peuplait les comédies italiennes, sans filtre entre le cerveau (ou la bite) et la parole. Tout le monde debout reprend donc ce « héros », mais ne cherche jamais à l’habiller beau. L’acteur s’amuse avec lui, montre ses failles et son ridicule.
Juste équilibre
Et c’est sans doute ce qui fait la force de ce premier film : si Dubosc a longtemps utilisé ce personnage, c’est lorsqu’il a découvert
qu’il était grotesque qu’il est devenu vraiment hilarant. Pas question de l’épargner ici : le comédien trouve l’équilibre juste, parvient à l’accabler sans le charger, et le rire nait d’une sincérité qui rend l’ensemble vraiment touchant. Si Tout le monde debout fonctionne c’est donc grâce à une certaine justesse et à une honnêteté. Vis à vis du personnage, des handicapés (jamais piétinés, ni traités avec pitié) mais également dans la réalisation. Dubosc assume ce film jusqu’au bout, jusque dans ses imperfections et ses maladresses. Le film est marrant, rythmé, réussit même à changer de ton avec finesse (on passe du comique trivial à la comédie romantique) mais c’est aussi plaisant de voir que le cinéaste laisse ici ou là des gags un peu lourds, une blague qui tombe à plat, un passage mal foutu, conservé parce qu’une vanne paraît sauver l’ensemble… Comme si ces scories étaient essentielles. Au fond, ce qui est joli dans toute cette histoire c’est que Franck Dubosc semble ne plus avoir peur du grotesque ou de ses erreurs. Vous avez dit libéré ?